Spravato et patient

Un nouveau médicament sous forme de vaporisateur a démontré son efficacité pour soigner la dépression chez des patients jugés résistants aux antidépresseurs existants, a affirmé l’agence américaine du médicament ou la Food and Drug Administration (FDA), qui a donné son feu vert à la vente de ce médicament aux États-Unis le 5 mars dernier. 

Kyavumba Sadiki

Le laboratoire américain Janssen, qui regroupe les activités pharmaceutiques de Johnson & Johnson, a produit un médicament jugé efficace pour soigner la dépression sévère. Pour déterminer l’efficacité de ce médicament qui porte le nom de Spravato, Janssen s’est basé sur une dizaine d’études, en particulier sur des essais cliniques dits phase 3 développés auprès de plus de 1700 adultes atteints de dépression résistante. 

Le médicament Spravato est un spray ou un vaporisateur. Il est fait à base d’une molécule dite « eskétamine », un dérivé de la kétamine, une drogue anesthésique connue sous le nom de « Special K » ou « Vitamine K », nom de rue de drogues illicites apparentées. Il s’administre par voie nasale, alors que la kétamine utilisée aussi contre la dépression s’administre par voie intraveineuse. Pour prévenir les risques, les participants aux études, c'est-à-dire ces patients dont la dépression résiste au traitement, ont d’abord pris un antidépresseur oral. 

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« Notre programme de recherche très complet sur l’eskétamine sous forme de spray nasal démontre un profil risques-bénéfices positif pour des adultes souffrant d’une dépression résistant aux traitements actuels », a indiqué Husseini K. Manji, responsable des thérapies dans le domaine des neurosciences chez Janssen. 

Médicament efficace, Spravato a démontré sa puissance d’agir rapidement sur les patients dont la dépression est particulièrement élevée. Son administration prend effets en quelques heures ou quelques jours au lieu de semaines comme les antidépresseurs habituels. « Lorsque j’ai commencé mon traitement à l’eskétamine et que mes symptômes ont commencé à se dissiper, j’ai pu voir très clairement à quel point j’étais déprimé », a déclaré Robin P., un patient participant à un essai clinique sur l’eskétamine. 

« Par administration intra-nasale plutôt qu’intraveineuse, l’eskétamine est plus facile à administrer », a estimé le Docteur Pierre Blier, psychopharmacologue du centre de santé mentale Royal d’Ottawa, quelques mois avant l’approbation de ce médicament. « Il va falloir que ce soit sous surveillance médicale », note le Docteur Blier. 

Le patient s’administre le Spravato sous contrôle 

Le patient administre lui-même le Spravato, mentionne le communiqué de presse de la FDA. « Ce n’est pas un médicament à emporter à domicile », souligne Gerard Sanacora, neuroscientifique en translation à la Yale School of Medicine. L'administration se fait dans un cabinet de médecin agréé ou dans une clinique sous la supervision d’un prestataire de soins de santé. Celui-ci explique au patient comment utiliser le vaporisateur nasal. Pendant et après chaque utilisation du vaporisateur nasal, le prestataire de soins de santé surveille le patient et détermine quand il est prêt à partir. 

Le Spravato soulève des questions  

« Les données sur Spravato soulèvent plus de questions que de réponses », explique le psychiatre Alan Schatzberg de l’Université de Stanford. Ce médicament peut notamment provoquer des hallucinations. Ses conséquences à long terme sont inconnues. 
Santé Canada a accepté une demande en janvier 2019 pour évaluer ce médicament. L’agence gouvernementale examine ce produit en ce moment. Elle devrait se prononcer sur la question d’ici la fin du printemps. 
 

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