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« Vous ne devriez jamais utiliser la fonction autonettoyante de votre four ! » « Les fours autonettoyants sont un risque pour la santé ! » Les titres alarmants ne manquent pas contre cette invention qui épargne beaucoup de travail à qui veut que l’intérieur de son four reste bien propre sans avoir à le frotter. Mais le Détecteur de rumeurs et l’OSS (Organisation pour la santé et la société) constatent que les risques en question sont loin d’avoir été démontrés, ce qui n’empêche pas qu’on doive adopter des précautions d’usage.


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L’origine de la rumeur

Le site HowStuffWorks rapporte que la fonction autonettoyage a été introduite par General Electric en 1963. Elle utilise la méthode de nettoyage pyrolytique, qui vient du grec « pyro » (feu) et « lyse » (assouplir ou dissoudre). Et signifie donc « dissoudre par le feu ».

Bien qu’en fait, ce soit la chaleur et non le feu qui vienne remplacer le brossage manuel intensif. Les fours autonettoyants peuvent atteindre des températures nettement supérieures aux 500 °F (260 °C) communément utilisés pour griller la viande ; lors du cycle d'autonettoyage, le four génère des températures allant de 800 à 1000 °F (427-538 °C). Grâce à cette chaleur extrême, les résidus de nourriture qui gomment l'intérieur du four sont réduits en cendre. On essuie les cendres à la fin du cycle. Et voilà, un four bien propre !

Mais si cette fonctionnalité autonettoyante est si répandue, et si elle donne de bons résultats, pourquoi certains sites web recommandent-ils de ne pas l'utiliser ? Le problème, estiment-ils, ce sont les émanations produites lors de l’autonettoyage qui émettraient du monoxyde de carbone et d’autres molécules dangereuses en quantité suffisante pour nuire à la santé.

Monoxyde de carbone : vraiment dangereux ?

Les fours autonettoyants génèrent bien du monoxyde de carbone qui peut, en quantité suffisante, empêcher notre sang de transporter l’oxygène et, dans les scénarios extrêmes, entraîner la mort. Mais comme le disent les chimistes, c’est la dose qui fait le poison !

La question est donc : de quelle quantité parlons-nous ? Si les émanations de monoxyde de carbone représentent un « danger » pour la santé, c'est-à-dire quelque chose qui peut potentiellement causer des dommages, ce qui est important de mesurer, c’est en fait le « risque » réel.

Un risque peut être calculé sur la base du danger, multiplié par notre exposition à ce danger. Par exemple, un gorille est un danger, mais s'il est dans une cage, il ne représente pas un véritable risque pour notre vie.

Afin de quantifier le risque associé aux émanations de monoxyde de carbone durant le cycle d'autonettoyage du four, nous devons donc connaître la quantité de monoxyde de carbone qui est relâchée. Malheureusement, la littérature scientifique reste muette à ce sujet. Nous n'avons pas trouvé de source crédible ayant tenté de mesurer cette quantité.

Hydrocarbures aromatiques polycycliques : vraiment dangereux ? 

L’inquiétude de certains s’étend à d’autres molécules présentes dans les émanations produites par les fours autonettoyants, les fameux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les amines hétérocycliques (AH). Les amateurs de barbecue ont pu en entendre parler puisqu’ils sont également créés lorsque la viande cuit à une haute température.

Il a été démontré en laboratoire que ces HAP et AH peuvent causer certains cancers chez des animaux. En fait, la crainte d’un lien entre le cancer et le barbecue vient de là (pour plus d’information, lisez notre texte à ce sujet). Mais à moins d'avoir le goût de manger les cendres à la fin du cycle autonettoyant, on n'a pas à craindre l'ingestion d’HAP et d’AH...

L’inhalation de ces substances, quant à elle, pourrait-elle poser un danger potentiel ? En fait, on ne le sait pas non plus, puisque nous n'avons pas de données sur le risque posé par ces vapeurs spécifiques. Encore une fois, le risque dépendra du danger multiplié par l’exposition. Combien de fois par année activez-vous cette fonction ? Restez-vous dans la pièce ? Est-ce que le four est très sale et génère beaucoup d’émanations ?

La prudence ne nuit pas

Lorsque nous n'avons pas de données fiables, mais qu'un risque potentiel existe, un excès de prudence ne nuit pas. Plusieurs sites recommandent d'ouvrir les fenêtres ou de s'assurer d'avoir une ventilation adéquate et de sortir de la pièce (et même, selon certains, de la maison) lorsque le four s'auto-nettoie. Des recherches mentionnent un risque pour certains oiseaux domestiques : on recommande de les éloigner du four le plus possible, car certaines émissions gazeuses pourraient provoquer une toxicose, une condition qui affecte le système respiratoire de l'oiseau.

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