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Depuis une dizaine d’années, on pointe de plus en plus du doigt les aliments ultra-transformés pour leurs impacts négatifs sur la santé. Un discours qui manque toutefois de nuances, soulignent certains nutritionnistes.

Les aliments ultra-transformés seraient en effet les coupables tout désignés pour expliquer la hausse de plusieurs maladies modernes comme l’obésité, le diabète ou les maladies cardio-vasculaires. Certes, si de nombreux nutritionnistes font un lien entre ces aliments et plusieurs problèmes de santé, d’autres soulignent que les données sont encore bien ténues, rapporte un un reportage du magazine numérique Open Mind. Les liens de cause à effet sont difficiles à faire, selon les experts interrogés. 

Il faut rappeler que, dans toute étude sur la nutrition, les facteurs confondants sont difficiles à éliminer complètement. Par exemple, il est possible qu’une personne qui prend soin d’éviter les aliments ultra-transformés soit plus susceptible d’avoir de bonnes habitudes de vie en général.

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Par ailleurs, la définition d’un aliment ultra-transformé est parfois très large. Le médecin britannique Chris van Tulleken, cité dans l’article et auteur du livre Ultra-Processed People (2023), affirme qu’un aliment emballé dans du plastique ou qui contient des ingrédients qu’on ne retrouverait pas dans une cuisine normale, peut être qualifié d’ultra-transformé. Le terme est entré dans le vocabulaire à la fin des années 2000, mais ne fait pas l’objet d’un consensus. 

On peut obtenir des réponses en resserrant les définitions. Ainsi, certains aliments ultra-transformés comme les boissons sucrées et la charcuterie, sont déjà connus pour leurs effets nocifs pour la santé. À l’inverse, un yogourt aux fruits contient moins de calories qu’un biscuit fait à la maison. Il en est de même pour les légumes surgelés. En fait, la consommation de certains aliments ultra-transformés comme les céréales ou le pain à grains entiers, a été associée à un risque plus faible de développer du diabète de type 2, souligne l’article d'Open Mind.

Ce qui soulève une question : serait-ce une bonne idée de bannir tous les aliments ultra-transformés ? Et surtout, est-ce possible ? Ils composent en effet 60 % de notre alimentation selon Kevin Hall, un chercheur qui a réalisé plusieurs études sur les dangers de ces aliments. Les éliminer pourrait être particulièrement difficile pour les familles qui n’ont pas les moyens d’acheter ou de préparer des aliments frais.

Trop souvent dans le passé, des politiques sur la nutrition ont été développées de façon prématurée, pour être remises en question quelques années plus tard, devant l’arrivée de nouvelles données, ajoute l’auteur de l’article, Amos Zeeberg. Ce genre de revirement provoque immanquablement de la confusion dans l’esprit du public. Il serait donc plus sage d’adopter une vision nuancée et de mettre en place des politiques qui aident les gens à choisir des aliments nutritifs —et à éviter la vraie malbouffe.

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