Le meilleur mélange pour faire fondre la glace reste une bonne saumure. À condition que la température ne descende pas sous - 15 degrés C, sinon cette eau salée gèle et devient impossible à faire fondre.

"Les gens souvent se plaignent que leur municipalité ne répand que des abrasifs, du sable et des graviers, sur du verglas glacé mais cela reste encore la meilleure recette pour ne pas glisser", s'exclame Michel Gendreau, directeur du Centre de recherche sur les transports.

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Loin d'être un expert de la physique et de la chimie des routes verglacées, il a cependant conçu avec Jean-Yves Potvin, un autre informaticien de l'université de Montréal, un logiciel qui seconde aujourd'hui des hommes chargés de l'entretien des routes d'hiver. Cette opération pilote, menée dans un district de l'Estrie depuis l'hiver 2004-2005, satisfait les "vrais" experts. "Notre système expert essaie de reproduire l'expertise de grands experts qui partent progressivement à la retraite", confie Michel Gendreau.

Travaillant de concert avec l'équipe d'entretien des routes, le système propose pour chaque situation le taux d'épandage (quantité déversée au kilomètre), la composition du mélange (fondant/abrasif) et une mesure de confiance.

De plus, le réseau de neurones artificielles, même s'il traite de façon abstraite le savoir des experts, est capable d'apprendre. Les informaticiens lui ont donné au départ 60 scénarios, eux-mêmes composés de 21 variables : température de l'air et de la chaussée, chute de neige, prévisions météo, circulation, etc. Tout au long de l'hiver, le logiciel a accumulé près de 1100 nouveaux scénarios auxquels il peut se référer constamment. "Il agit selon un système de poids, des coefficients d'estimation que l'on peut comparer à des modèles statistiques très complexes."

"En fonction de cela, et des scénarios emmagasinés, il va générer la meilleure réponse possible", explique Michel Gendreau. Et, sauf situations très complexes, cela fonctionne bien. Cette technologie, testée également pour prédire les dates de déchargement des containeurs de navire, est idéale pour des tâches de nature prédictives. Par contre, pour toutes ces tâches qu'on cherche à rendre plus efficaces le séquençage des feux de circulation, par exemple; "ce ne serait pas la meilleure approche", ajoute le directeur du Centre de recherche sur les transports.

Déglacer les chemins et routes emprisonnées par l'hiver était jusqu'ici une pratique de cantonnier. Hors des villes, des hommes d'expérience se levaient à 4 heures du matin, montaient dans leur camion d'entretien et, dépendant de la météo, répandaient du sel ou du sable sur les quatre routes dont ils avaient la charge. Avec leur disparition progressive et un contexte environnemental qui change - les produits de déglaçage sont considérés comme nocifs par Environnement Canada- l'expert artificiel aura bien des routes à assécher.

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