Ces paroles sont celles de Michel Dorval, qui a récemment publié les résultats dune étude sur lefficacité dun bon counseling sur la qualité de vie des femmes... lorsque leur test de dépistage du cancer nétait pas concluant. Ce professeur de la Faculté de pharmacie de lUniversité Laval explique que les informations que révèlerait un dépistage exigeraient des médecins " des explications complexes dont le sens ou les bénéfices pourraient être mal interprétés par les patients ".
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" Il faut de bonnes raisons pour pratiquer le dépistage dune seule maladie ", explique-t-il. Alors imaginez pour toutes. Pour Dorval, cette pratique nest quun outil supplémentaire dans la prévention de certaines affections. Lors de son étude, les femmes qui ont accepté le dépistage pour le cancer du sein ou des ovaires avaient toutes un important historique familial: en moyenne une dizaine de cancers. Toutes ces femmes étaient porteuses dune mutation particulière qui les rendait 10 fois plus susceptibles de développer un cancer du sein et 5 à 7 fois leur plus susceptibles davoir un cancer des ovaires.
Or, ses résultats lui ont indiqué que la perception du risque, chez les femmes pour lesquelles le dépistage navait pas été concluant, demeurait inchangée. " Il est clair que les patients étaient déçus lorsque le résultat nétait pas clair. "
Le chercheur croit par ailleurs que la population elle-même nest pas prête à connaître les résultats dun dépistage génétique complet. Dautant plus que les tests de dépistage pour un seul cancer ne font pas consensus . Mais le simple fait de connaître tous les pourcentages de risque de développer une maladie risquerait dencourager, par exemple, les compagnies dassurances à exiger un test de dépistage.
Ce commentaire rappelle dailleurs lidée de Gilbert Welch, médecin et professeur à lÉcole médicale de Dartmouth, au New Hampshire. Dans son livre Dois-je me faire tester pour le cancer ? Peut-être pas et voici pourquoi, Welch estime que " le zèle avec lequel on cherche à dépister le cancer de la prostate ne fait que déterminer le nombre de cas que lon trouve ".
Fernand Turcotte, le médecin québécois qui a traduit en français le livre de Welch, partage son avis. Selon lui, le dépistage de certains cancers est inutile et même néfaste pour la qualité de vie des gens. Même que, affirme-t-il, les dépistages préventifs grandement encouragés en Occident sont un piège dont la médecine aura de la difficulté à sextraire dans lavenir.