Contrairement à la croyance populaire, l’évolution des êtres vivants ne s'effectue pas toujours du plus simple vers le plus complexe, mais aussi vers la simplicité. C’est ce que des biochimistes montréalais viennent de mettre en évidence en réécrivant l’arbre généalogique de nos lointains ancêtres grâce aux analyses d’ADN les plus poussées à ce jour.

Les spécialistes de la classification animale rassemblent sous le terme "vertébrés" tous les animaux à squelette interne comme les poissons, les reptiles ou les mammifères. Jusqu’ici, ils pensaient que les plus proches parents des vertébrés étaient les céphalocordés: ces animaux de quelques centimètres de long ressemblent à de petits poissons mais ne possèdent pas de squelette.

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Or, dans un numéro récent de la revue scientifique Nature, le chercheur Frédéric Delsuc et ses collègues au sein de l’équipe d’Hervé Philippe de l’Université de Montréal remettent cette classification en question. Ils décrivent l’analyse et la comparaison de l’ADN de 146 gènes communs aux vertébrés et aux espèces animales voisines. Et, surprise ! les plus proches cousins des vertébrés ne sont pas les " poissons " céphalocordés, mais un groupe d’animaux marins, appelés urocordés, d’apparence plus primitive dont certains membres ressemblent à des éponges et vivent fixés à des rochers.

" L’idée que l’évolution procède uniquement par accroissement de la complexité est fausse ", affirme Hervé Philippe. " Il arrive qu’une meilleure adaptation à l’environnement passe par une spécialisation qui entraîne une simplification de l’organisme. " Désormais, les chercheurs doivent donc considérer que l’ancêtre commun des vertébrés, des céphalocordés et des urocordés, il y a 550 millions d’années, était plus complexe que ce qu’on croyait. Lors des transformations ultérieures, les "poissons" céphalocordés se seraient d'une part "simplifiés" en éponges et d'autre part "complexifiés" en vrais poissons -ceux qui contiennent un squelette.

Les oursins, les étoiles de mer ainsi que de nombreux parasites, qui dépendent d’un hôte pour survivre, sont d’autres exemples animaux apparus à la suite d’une simplification évolutive liée à une spécialisation du mode de vie.

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