Bien qu’ils ne représentent que 2,2% de la population en Île-de-France, les petits Noirs composent 40% des enfants qui tombent d’une fenêtre. Cette surreprésentation s’expliquerait-elle par des raisons culturelles?

Les professionnels de la santé, un peu partout, savaient déjà que les défenestrations concernent surtout les enfants d’âge préscolaire et défavorisés qui échappent à la surveillance. Mais Patrick Meyer, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital Necker-Enfants malades en France, apporte des précisions pour l’Île-de-France, soit Paris et sa région métropolitaine.

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Les défenestrations causent environ 30% des traumatismes chez les moins de 6 ans et 10 décès par an. Ce sont en majorité des enfants de 18 mois de familles qui vivent pour la moitié en logement social. Et elles habitent surtout le quartier Seine-St-Denis, la banlieue pauvre et multiethnique au nord-est de Paris.

Une simple question d’immigration? Non, a-t-il répondu lors des Journées annuelles de la santé publique, tenues en octobre à Montréal où il présentait ces statistiques. Les Arabes ne ressortent pas dans les statistiques, ni les Asiatiques qui habitent pourtant les immeubles de grande hauteur du 13e arrondissement. Alors pourquoi les Noirs Africains?

Le Dr Meyer précise que souvent, " ils ont connu une immigration difficile, se retrouvent à travailler loin du domicile, sans système de garde des enfants. Il n’est pas rare de voir un grand de 14-15 ans à la tête de 3 ou 4 petits qui courent dans tous les sens et incapables d’appréhender un quelconque risque. " Pour lui, c’est donc de l’inconscience du risque de la part des parents, qui sont plus préoccupés par les maladies infantiles et l’accès aux soins.

Comment prévenir ces chutes? D’abord, essayer de rejoindre cette population souvent isolée et ne parlant pas bien le français. Il faut donc un langage adapté. Une publicité a été distribuée il y a un an, où on voit une fillette noire grimpant à la fenêtre, marquée d’une croix rouge. Mais le sujet des ethnies étant très sensible en France, le Dr Mayer raconte que " la ligue contre le racisme [leur] a sauté dessus. " C’était pourtant une manière délibérée de mieux interpeller leur public-cible. L’autre manière, qui semble bien fonctionner, c’est par les associations de femmes africaines.

L’Institut national de veille sanitaire, auquel ce médecin est également associé, a aussi du travail du côté de la réglementation des bâtiments. " À Paris, on a des balcons typiques Hausmanniens en volutes de fer forgé. C’est une super échelle pour les enfants. La réglementation de la plupart des copropriétés interdit d’installer un dispositif quelconque alors qu’il suffit de mettre une plaque transparente du côté de l’habitation pour ne pas défigurer l’immeuble. Alors, si nous pouvions interdire d’interdire d’installer des dispositifs, on sera déjà contents. "

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