L'intérêt croissant des consommateurs pour les pétoncles, les moules et autres mollusques a donné un coup de fouet au développement québécois de la conchyliculture. Les fermes d'élevage de bivalves se multiplient se dotant de nombreuses innovations technologiques pour accroître les volumes de production.

Ainsi, il n'est pas rare d'observer une grande densité de moules élevées sur des boudins de filets. Jusqu’à 1,5 kg de moules par pied de filet. « La hausse des activités d'aquaculture augmente le niveau de biomasse, le nombre d'animaux dans l'eau, ce qui risque d'accroître le risque de maladies », soutient toutefois Réjean Tremblay, de l'Institut des sciences de la mer à l'Université du Québec à Rimouski.

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Le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en larviculture et production de juvéniles en aquaculture a récemment piloté un suivi de santé des populations de mollusques de différents sites expérimentaux et de culture au Québec entre 2004 à 2006. Les espèces ciblées étaient la moule bleue (Mytilus edulis), la mye (Mya arenaria), le pétoncle géant (Placopecten magellanicus) et le pétoncle d’Islande (Chlamys islandicus). Les analyses histologiques ont révélé la présence d’organismes communs ainsi que l’apparition de nouveaux pathogènes. Ce suivi pathologique des populations de mollusque au Québec, réalisé par Réjean Tremblay, Sonia Belvin, Benoît Thomas, Charley Cyr et Carl R. Uhland, visait à établir une première base de données sur les pathogènes et les maladies chez les bivalves.

Bonne santé mais...

« Toutes les populations québécoises sont en santé. Le niveau parasitaire est en bas de 10 % et la prévalence aux maladies s'avère faible », rapporte le chercheur. Néanmoins, la présence de maladies demeure préoccupante, car à l'origine de mortalités massives dans d’autres régions.

La néoplasie hémocytaire, qui s'apparente à un cancer du sang, a fait des ravages au sein des sites de l'Île du Prince-Édouard (IPE). Cette maladie a occasionné des pertes importantes chez les éleveurs, jusqu'à 60 % des stocks de myes. L'infection proviendrait d'une combinaison de facteurs : stress environnemental (dû aux pesticides), système immunitaire affaibli et présence de rétrovirus.

Réjean Tremblay, qui appartient à l'équipe de recherche qui suit cette maladie sur les sites de l'IPE aux côtés de chercheurs du Collège vétérinaire de l'Atlantique, se veut tout de même rassurant : « Là-bas, la prévalence s'élève à 80 %. Au Québec elle s'élève à moins de 1 %. »

Parmi les innovations technologiques, le transfert de naissains constitue la technique plus commune. La collecte et le transport de petits mollusques — juvéniles de moins d'un an — d'un site à l'autre doivent être contrôlés pour éviter la propagation rapide de maladies au sein de la population de mollusques des différents sites. La législation actuelle de Pêches et Océans rend aujourd'hui obligatoire d'établir un rapport de santé des populations lors de transfert de naissains.

« La production intensive concourt à l'augmentation des maladies d'où la nécessité d'un suivi à long terme. C'est la base d'une bonne gestion », affirme le chercheur. Surtout que les mollusques présentent souvent peu d'indices visuels — outre la rétractation du manteau et un changement de la coloration — permettant d'identifier précocement les maladies. Sous la carapace, les pathologies peuvent se développer et se transmettre à des voisins devenus très proches.

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