Le réchauffement climatique, de même que les changements dans les écosytèmes et la fréquence des feux de forêt présentent une menace croissante pour le pergélisol arctique. Tandis que l’on s’émeut du sort des ours polaires et que l’on s’inquiète de la réduction des banquises, un autre élément, moins sexy mais tout aussi important, vaut la peine d’être pris en considération : le pergélisol, le sol des latitudes nordiques qui demeure gelé en permanence, est en train de dégeler.

Le magazine Science News publiait dernièrement un article sur les conséquences du réchauffement global sur le sous-sol arctique. Il relevait les observations et découvertes de scientifiques à ce sujet travaillant sur le terrain depuis de nombreuses années, comme Daniel Fortier, un géomorphologue de l’université de l’Alaska à Fairbanks, qui passe ses étés à étudier le pergélisol de l’île Bylot, située haut dans l’est de l’Arctique canadien. Lors d’une marche prise au début de la saison vernale de 1999, il a entendu distictement le son d’eau courante, mais sans apercevoir de ruisseau nulle part en surface. Il a réagi en chercheur, et s’est donc mis à creuser.

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En excavant le pergélisol, ainsi nommé parce que sa température demeure sous 0°C à l’année longue, Fortier a découvert un véritable tunnel charriant un torrent souterrain, à environ un mètre sous la surface : l’eau de fonte des neiges s’infiltrait dans des fissures à la surface et s’était frayé un chemin à travers le réseau de plaques de glaces s’étant formées dans le sol au fil des millénaires.

Éventuellement, le surprenant tunnel s’est tant élargi que sa voûte s’est affaissée, créant une ravine que l’érosion a d’autant plus agrandie. À la fin de l’été 1999, la ravine mesurait 250 mètres de long et quatre mètres de largeur.

Durant les quatre années qui ont suivi, le réseau de tunnels souterrains du site est devenu un système de ravines long de 750 mètres, drainant un espace de la taille de quatre terrains de soccer. Depuis, Fortier et ses collègues ont observé le même phénomène sur d’autres sites sur l’île de Bylot.

C’est la première fois qu’on observe la formation de telles ravines en temps réelle, indique Fortier.

Les chercheurs observent de nombreux nouveaux phénomènes dans l’arctique, et la plupart d’entre eux sont reliés aux changements climatique. Globalement, 11 des 12 années situées entre 1995 et 2006 sont parmi les plus chaudes depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, ont rapporté de nombreux scientifiques le mois dernier lors de l'Intergovernmental Panel on Climate Change.

Comme la température annuelle moyenne dans de nombreux sites de l’arctique se trouve juste au niveau du point de congélation de l’eau, ou à peine en-dessous, cela implique que même une petite augmentation de la température peuvent avoir de grosses conséquences. Mis à part les plaques de glaces mentionnées plus haut, la hausse de température menace le pergélisol se trouvant près de la surface, en place depuis le sommet du dernier âge glaciaire, il y a de ça 25 000 ans. Les changements écologiques comme des variations nouvelles dans la fréquence des feux de fôrêt, menacent d’autant plus le pergélisol. Les experts cherchent présentement à déterminer si, en tenant compte des tendances présentes, le pergélisol disparaîtra dans l’espace de décennies, ou de millénaires.

Le pergélisol sert de foundation à la plus grande partie de l’infrastructure de l’arctique, incluant les pipelines, routes, edifices et ponts. Dans de nombreuses regions, ce sol gelé comporte également d’énormes quantités de materiel organique, qui pourrait se decomposer rapidement et envoyer du gaz carbonique de manière massive dans l’atmosphère, si le sol dégèle...

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