Les adolescents qui restent prostrés durant de longues heures, chaque jour, devant le petit écran ont de piètres résultats scolaires, détestent l’école et sont plus à risque de décrocher de l’école que les autres.

Une longue étude qui a été réalisée durant une période de 20 ans dans l’État de New York , aux États-Unis, avec plus de 740 familles, révèle que les adolescents qui regardent la télévision pendant plus de trois heures, chaque jour, abandonnent leurs études postsecondaires deux fois plus fréquemment que les autres.

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Jeffrey Johnson et ses collègues de l’Institut psychiatrique de New York affirment que cette longue étude est la première à établir un lien hors de tout doute entre les problèmes d’attention causés par les longues heures passées devant le petit écran et les échecs scolaires. La différence majeure entre cette étude et les nombreuses autres réalisées sur le même sujet auparavant, est que cette fois, les chercheurs ont tenu compte du statut socio-économique des familles, des difficultés d’apprentissage et des problèmes de comportement des jeunes avant que l’étude ne débute.

Au milieu des années ’80, Jeffrey Johnson et ses collègues ont interrogé plus de 700 adolescents de 14 ans sur leurs habitudes d’écoute de la télévision. Ils ont aussi questionné les parents sur le comportement et les résultats académiques de leurs enfants.

Les chercheurs ont rencontré à nouveau les jeunes à l’âge de 16 ans, 22 ans et finalement 33 ans. Au début de l’étude, la moyenne des enfants regardaient la télévision d’une à trois heures par jour. 13% d’entre eux passaient plus de quatre heures devant le petit écran alors que seulement 10% des jeunes ne consacraient pas plus d’une heure aux émissions télévisées.

Vingt ans plus tard, l’équipe de Johnson a découvert que 30% des étudiants qui regardaient la télévision plus de trois heures par jour, à l’âge de 14 ans, développaient des problèmes d’attention au cours des années suivantes, abandonnaient leurs études ou échouaient leurs cours. Seulement 10% de ceux qui la regardaient moins d’une heure faisaient face aux mêmes problèmes.

«L’adolescence est reconnue comme une période critique pour le développement de plusieurs habiletés cognitives importantes», explique Jeffrey Johnson. «Si les jeunes passent la majorité de leur temps libre devant un écran plutôt qu’à lire, faire leurs devoirs ou d’autres activités enrichissantes, ils ne développent pas autant leurs facultés cognitives.»

Les scientifiques croient que le cerveau des enfants et des adolescents dépendants du téléviseur s’habitue au changement rapide de stimuli visuels et devient paresseux. Les jeunes s’habituent au plaisir passif de la distraction qu’offre la télévision sans avoir à fournir d’effort intellectuel. «Une fois en classe, ces étudiants trouvent les cours longs et ennuyeux, détestent l’école et ont beaucoup de difficultés à faire leurs devoirs», constate M. Johnson. L’étude démontre aussi que les enfants et les adolescents consacrent de plus en plus d’heures au petit écran au fur et à mesure que le nombre de canaux spécialisés augmente.

Autre fait troublant, les enfants sont maintenant placés devant le petit écran beaucoup plus tôt qu’avant. Aux États-Unis, 40% des bébés de 9 mois regardent régulièrement une heure de télévision par jour. À 24 mois, 90% d’entre eux y consacrent plus d’une heure par jour. «Surstimuler les enfants avec la télévision ne sert à rien», indique Arlette Streri, professeur à l’Université Paris-Descarte et spécialiste de la psychologie du développement de l’enfant. «C’est inquiétant de constater que le phénomène d’accoutumance au petit écran commence de plus en plus tôt.»

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