La Chine n’aime pas qu’on dise qu’elle est à présent le pire pollueur de la planète. Les pays riches font bien pire, dit-elle. Nouvelle version du débat « mon père est plus fort que le tien ».

Tout a commencé par un rapport d’un organisme néerlandais (l’Agence d’évaluation de l’environnement) qui, le 20 juin, concluait que l’inévitable était (déjà) arrivé : la Chine, avec 6200 millions de tonnes de CO2, aurait dépassé en 2006 les États-Unis dans le peu reluisant concours du plus gros émetteur de ce gaz à effet de serre. Elle aurait pris la tête par 8% en 2006, alors qu’elle « tirait de l’arrière » par 2% en 2005.

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Ce qui était prédit depuis longtemps, quoique pas pour aussi tôt. Il y a trois ans, l’Agence internationale de l’énergie prévoyait que la Chine prendrait la tête en... 2025! En novembre dernier, cette prévision était ramenée à... 2007 ou 2008! Que la Chine ait pris la « première place » dès 2006 est donc plausible.

« Critiques injustes », a répliqué le gouvernement chinois. Les pays industrialisés font fabriquer une partie de leurs produits en Chine, ce qui ne peut qu'entraîner une hausse des gaz à effet de serre. « D’un côté, vous voulez accroître la production en Chine, de l’autre vous critiquez la Chine sur la question des réductions d’émissions. »

C’est donc la faute aux pays industrialisés et à leurs consommateurs. En contrepartie, assure le ministre chinois des Affaires étrangères, la Chine est encore loin derrière les États-Unis : en proportion de sa population de 1,3 milliard, ses émissions de gaz à effet de serre par habitant ne représentent (pour l'instant?) que le quart de celles des États-Unis.

La réplique chinoise passe toutefois sous silence le fait que la Chine s’appuie aux deux tiers sur le charbon, la plus polluante des sources, tandis que les États-Unis n’en tirent que la moitié de leurs besoins en électricité. Et en raison de la croissance fulgurante de son économie, la Chine construit continuellement de nouvelles centrales au charbon...

Enfin, comme pour rendre le portrait encore plus sombre, signalons que la Chine n’est pas soumise au Protocole de Kyoto, parce que ses négociateurs étaient parvenus à l’époque à la maintenir dans la catégorie des « pays en voie de développement ». Plus tôt ce mois-ci, elle a publié son premier programme de lutte contre le réchauffement climatique, qui contient pour la première fois des mesures pour soutenir la production d’énergies vertes, mais sans fixer de cibles.

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