C’est comme de regarder un tapis à la loupe, et de se rendre soudain compte qu’il s’y trouve un immense trou, resté invisible jusque-là. Un trou d’un milliard d’années-lumière de diamètre, dans la fabrique même du cosmos.

On pourrait aussi l’appeler une anomalie cosmique, parce que les radio-astronomes qui l’ont détecté n’ont aucune idée de sa signification. Sinon qu’il s’agit d’une immense région de l’espace, vide même de ces mythiques matière sombre et énergie sombre.

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Le trou n’apparaît pas à l’oeil sagace des télescopes. Pour le « voir », il faut analyser la carte du bruit de fond cosmique (cosmic microwave background), telle que « cartographiée » par le satellite américain WMAP : en gros, ce que montre cette carte, ce sont les zones de différentes températures du ciel, il y a des milliards d’années (telles que représentées à droite, sur la photo). La dispersion de ces zones plus chaudes et plus froides permet de déduire des choses sur l’évolution de l’Univers.

Lawrence Rudnick et ses collègues de l’Université du Minnesota connaissaient déjà cette région « froide » de la carte WMAP, située à plus de 6 milliards d’années-lumière de nous. Ils ont donc dirigé vers elle les radio-télescopes du Very Large Array, au Nouveau-Mexique. Pour s’apercevoir qu’on n’y détectait aucune source radio : ni galaxies ni quasars ni matière sombre ni rien du tout. « Les radio sources permettent d’évaluer la distribution de masse dans l’univers », explique Rudnick dans le Astrophysical Journal. Par conséquent, rien de rien, sur un aussi large espace, c’est incompréhensible.

Certes, des espaces vides avaient déjà été détectés, et cela ne devrait pas être une surprise : comme la carte WMAP l’a confirmé, la matière n’était pas distribuée uniformément, au début de l’Univers. Pour cette raison, des zones « moins bien fournies » que d’autres était statistiquement inévitable. Mais une zone d’un milliard d’années-lumière de diamètre, 40 fois la taille du plus gros « vide » observé jusqu’ici, ça n’est plus de la statistique : c’est une anomalie.

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