Un virus ou la météo? Si c’est la météo, ça passera. Mais si c’est un virus, une bonne partie de la planète a intérêt à trouver rapidement un antidote, parce que la disparition des abeilles aurait des conséquences beaucoup plus tragiques que la disparition de vos tartines au miel.

Qu’est-ce qui arrive aux abeilles?

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Tout d’abord, un rappel. Comme l’ont rapporté les médias ces dernières semaines, un mystérieux mal semble frapper les ruches sur au moins deux continents. Baptisé du terme vague à souhait de syndrome de l’effondrement des colonies (colony collapse disorder), ce mal se caractérise par la fuite : pour une raison inconnue, la grande majorité d’une population d’abeilles quitte sa ruche en quelques jours et ne revient pas.

Le syndrome est-il vraiment mondial?

Il y a débat là-dessus. D’abord rapporté à l’automne 2006 aux États-Unis, le problème a été soulevé par les apiculteurs européens cette année, et des cas sont sous enquête dans l’île de Taïwan.

Mais même si la production de miel devait dégringoler, serait-ce si grave?

Le problème, en fait, n’est pas du côté du miel —bien que la production serait actuellement en baisse dans plus de 50% des ruches aux États-Unis, ce qui explique... que les médias en aient beaucoup parlé!

Le problème est plus grave, parce qu’il est du côté du reste de la végétation. L’abeille est un des plus importants pollinisateurs du monde : c’est-à-dire une bestiole qui transporte le pollen d’un endroit A à un endroit B. Certains experts estiment que c’est jusqu’à un tiers des réserves alimentaires, des pommes aux concombres, qui dépend des abeilles (au moins 90 fruits et légumes). Le ministère américain de l’Agriculture évalue à 15 milliards$ la contribution « bénévole » de l’abeille.

A-t-on vraiment identifié le virus responsable?

Effectivement, la semaine dernière, des chercheurs de l’Université d’État de Pennsylvanie ont rapporté dans la revue Science avoir séquencé le génome d’un virus trouvé chez ces abeilles, et établi une corrélation avec un virus déjà identifié en Israël, qui avait entraîné la paralysie chez des abeilles en 2004.

Mais aussitôt, d'autres Américains ont mis en doute cette conclusion, affirmant que la cause se trouve du côté de la météo : dans le Sud des États-Unis, sécheresses et chaleurs intenses ont limité la floraison; dans le Midwest, des gels tardifs ont bouleversé la saison; et en Californie, deuxième producteur national de miel, les apiculteurs ont rapporté la quasi-absence de plantes à fleurs en juillet, au point d’avoir dû nourrir eux-mêmes leurs abeilles avec du sucre.

Si le coupable est plutôt la météo, est-ce une année anormale ou une tendance lourde liée au réchauffement?

D’après Wayne Esaias, biologiste marin au Centre Goddard (affilié à la NASA), les fleurs dont se gavent les abeilles auraient commencé cette année leur saison trois semaines plus tôt qu’en 1992, et un mois plus tôt qu’en 1970. Et même si on devait remettre cette étude en doute, il y en aurait des dizaines d’autres disant que les températures « extrêmes »... ne sont plus extrêmes du tout. De sorte que si c’est la météo qui affecte à ce point les abeilles, il y a de bonnes chances pour que ça ne s’arrête pas cette année.

Y a-t-il d’autres théories?

Oh oui. Désorientation causée par les ondes des téléphones cellulaires, OGM, pesticides, parasites...

Allons-nous tous mourir? :-)

Si les abeilles venaient à disparaître, les agriculteurs auraient de sérieux problèmes d’adaptation, le consommateur paierait plus cher sa nourriture, et certains aliments deviendraient introuvables dans certaines régions, pendant plusieurs années. Une planète sans abeilles serait grandement appauvrie, avec des conséquences sociologiques et économiques impossibles à évaluer.

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