La disparition du plus grand lac glaciaire d’Amérique du Nord, le lac Agassiz, alimente les débats scientifiques. Il y a près de 8 500 ans, le lac immense s’est totalement drainé dans l’océan Atlantique Nord. Cela pourrait fournir un aperçu sur les effets du réchauffement climatique, pensent de nombreux scientifiques.

« Cette vidange du lac Agassiz a été très rapide. Ce dernier grand rejet d’eau douce dans l’océan Atlantique Nord s’est opéré dans l’espace de deux pulsations, il y a entre 8 350 et 8 500 ans » explique Claude Hillaire-Marcel, chercheur au groupe Geotop-UQAM-McGill

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Ses récents travaux de recherches sur le drainage du lac Agassiz, en collaboration avec Anne Vernal et David J. W. Piper, viennent d’être publiés dans la revue Geophysical Research Letters.

Cette publication jette une autre lumière sur le fameux coup de froid d’il y a 8 200 ans — le fameux « 8.2 ka event » — et tempère les tentatives d’explications que cette vidange aurait eu sur le climat et la circulation océanique.

Car certains chercheurs avancent que ce formidable événement aurait pu ralentir les courants de l’Atlantique Nord sous-jacents à la bonne circulation du Gulf Stream.

« L’événement n’a pas modifié la circulation de l’océan malgré tout ce que les données alarmistes peuvent conclure », soutient le professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM.

Ce qui lui permet d’avancer qu’un prochain rejet important d’eau douce dans l’Atlantique Nord, en raison de la fonte rapide des glaces arctiques, n’arrêtera pas la circulation océanique. « Tout au plus, cela pourrait gripper l’un de ses moteurs », pense le chercheur.

Conséquences d’une disparition

Formé il y a 11 500 ans et par conséquent, antérieur à la Mer Champlain, le lac glaciaire Agassiz était un lac immense de près de 400 000 km2 occupant la partie centrale du continent nord-américain. Baptisé d’après le géologue suisse-américain Louis Agassiz (1807-1873) — qui a établi son origine glaciaire — il s’étendait de l’ouest du Manitoba au Québec, jusqu’au Minnesota et au Dakota du Nord.

Ses eaux coulaient dans un premier temps vers le sud, mais leur route s’est modifiée pour finir par se vidanger dans l’Atlantique Nord. Sa disparition aurait provoqué un long refroidissement du climat européen, il y a 8 200 ans.

La signature sédimentaire du drainage sur les rives de la Baie d’Hudson s’avère pourtant antérieure de deux siècles à l’événement climatique du « 8.2 ka event ». « L’analyse du phénomène par les sédiments nous montre qu’il pourrait donc s’agir d’un événement plus anecdotique qu’on le pense », affirme pourtant Claude Hillaire-Marcel.

Le refroidissement d’il y a 8 200 ans, enregistré dans les carottes de glace du Groenland, trouverait sa source dans la combinaison de plusieurs événements, et non uniquement dans le drainage du lac Agassiz.

Ce qui pousse le professeur Hillaire-Marcel a vouloir refroidir les ardeurs de ceux qui publient un peu rapidement : « Il faut travailler sur les faits et ne pas vouloir tout lier au « 8.2 ka event », pense le chercheur. Pour lui, le lac Agassiz a encore bien des choses à raconter.

Je donne