Deux scientifiques, prêts à discuter, apparaissent devant la caméra web. Leur tâche, aujourd’hui, est inhabituelle : présenter, à des jeunes de 12 à 17 ans, leur mode de vie à l’intérieur de la station de recherche polaire Spitzbergen, en Norvège. Cette activité, à laquelle participaient ces jeunes curieux, s’est tenue à Berlin, les 2 et 3 novembre derniers, lors du Forum des sciences franco-germano-québécois.

Eric Lamagnon et Nicolas Le Viavant, chercheurs français à la station polaire, expliquent que la journée type d’un scientifique basé au 79e parallèle n’est pas radicalement différente de celle d’un scientifique du « Sud ». Le changement est perceptible lorsqu’ils sortent de la station : grande étendue blanche, noirceur constante en hiver, températures extrêmes ; pas de métro ni de panneaux publicitaires. En outre, plusieurs scientifiques n’y séjournent que pour une courte période et repartent aussitôt, souvent sans même avoir pu constater les particularités la région, ajoutent-ils.

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Bien que franco-allemande, la station possède le statut de centre de recherche international en territoire norvégien. La langue officielle est l’anglais, et une trentaine de scientifiques provenant d’une douzaine de pays vivent dans ce petit village éloigné. Une piste d’atterrissage permet de garder un lien rapide avec le reste du monde, la communauté norvégienne la plus proche, Longyearbyen (1800 habitants), étant située à 100 km.

Interrogés par un jeune élève sur les effets des changements climatiques observables à partir de la station, Lamagnon et Le Viavant confient que ces effets sont « manifestes » et même « visibles à l’œil nu ». En effet, nul besoin de se munir d’instruments pour remarquer que la neige fond plus vite au printemps et que la glace tarde à se former à l’automne. La fonte des glaces augmente chaque année, ce qui a pour effet d’éroder la côte constituée entièrement de glace. Depuis 1993, la côte a reculé d’environ 200 m par an. Par ailleurs, l’eau du fjord se réchauffe constamment depuis 40 ans. Ils ont également constaté que l’ours polaire se faisait de plus en plus rare dans la région depuis quelques années en raison de la diminution de la banquise.

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