Ainsi, les antidépresseurs ne seraient pas aussi efficaces qu’on le pense, a révélé une étude qui, la semaine dernière, a fait beaucoup de bruit. Mais il y a des années que de nombreuses études « révèlent » que l’antidépresseur n’est pas une solution-miracle pour tout le monde.

Certes, les auteurs de la dernière étude en lice avaient choisi un angle qui avait tout pour frapper l’imagination : combien d’études sur les antidépresseurs n’ont jamais été publiées? Et le résultat : les fabricants des médicaments comme le Prozac ou le Paxil n’ont jamais publié dans une revue savante le tiers des études sur leurs propres médicaments. Dans ce tiers se trouvent, on l’aura compris, les études les moins favorables.

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Pourtant, là non plus, ce ne devrait pas être une surprise : il y a déjà plusieurs années que des études ont établi que, parmi les études publiées dans les revues scientifiques, celles qui sont financées par les compagnies pharmaceutiques ont plus de chances d’avoir abouti à des résultats favorables. Et les études qui arrivent à des résultats défavorables? Elles sont balayées sous le tapis.

Et c’est vrai dans tous les secteurs de la science : personne n’aime publier des résultats négatifs.

C’est d’autant moins une surprise que, ces dernières années, plusieurs des grandes revues scientifiques ont ajouté une clause : tout chercheur déposant une recherche pour publication doit désormais dévoiler ses sources de financement. Depuis 2004, les plus grandes revues exigent également que les résultats de tous les essais cliniques soient déposés dans une base de données publique, sans quoi ces revues ne publieront pas « la » recherche qui leur est envoyée. Un porte-parole de l’industrie pharmaceutique a d’ailleurs reproché à l’étude dont il est question ici de ne s’être appuyée que sur des données d’avant 2004. Plus récemment, des compagnies ont commencé à rassembler ces résultats d’essais cliniques sur la base publiquement accessible Clinicalstudyresults.org.

Des pressions s’exercent aussi sur les gouvernements : l’an dernier, le Congrès américain a voté une loi qui élargit la définition du type d’essai clinique et du type d’information qui doit désormais être rendu public par une compagnie souhaitant voir son médicament commercialisé.

Mais en attendant, ce rappel, paru le 17 janvier dans le New England Journal of Medicine , est troublant pour une autre raison. Les médecins qui, eux, auront la responsabilité de prescrire ou non un antidépresseur doivent s’en tenir à l’information qu’ils ont sous la main, et cette information, c’est celle publiée par les revues savantes. Ils n’ont pas le temps de faire une recherche exhaustive pour savoir si cette information est biaisée et si oui, à quel point.

Et c’est pour cette raison que cette étude est très importante, explique au New York Times le rédacteur en chef du New England Journal, le Dr Jeffrey M. Drazen. « Si vous prescrivez des médicaments, vous voulez être certain de travailler avec les meilleures données possible. Vous n’achèteriez pas des actions si vous ne connaissiez qu’un tiers des faits à leur sujet. »

« Le fond du problème pour les gens qui songent à prendre un antidépresseur », résume le Dr Erick H. Turner, psychiatre en Oregon et auteur principal de l’étude, « c’est qu’ils devraient être beaucoup plus circonspects... Et ne pas être choqués si l'antidépresseur ne fonctionne pas la première fois, et ne pas en déduire que c'est chez eux qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. »

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