Tel un cruel rappel de la complexité de la recherche pharmaceutique, un traitement contre le sida, que l’on décrivait depuis des années comme le plus prometteur des traitements moins coûteux, vient d’échouer au fil d’arrivée.

Quatre types de gels vaginaux ont atteint récemment le stade des essais cliniques, après avoir franchi avec succès les étapes des tests en laboratoire et sur des animaux. Ces gels, décrits comme des tueurs de microbes —des microbicides— intéressent tout particulièrement les pays en voie de développement, parce que, s’ils fonctionnent, ils s’avéreront beaucoup moins coûteux que l’actuelle trithérapie —un « cocktail » de médicaments à prendre plusieurs fois par jour. Or, on vient d’apprendre que le premier de ces trois gels à avoir atteint la fin de la phase 3 des essais cliniques, s’est révélé inefficace.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Et l’an dernier, le test d’un autre des quatre gels microbicides, mené par un groupe américain, avait été arrêté prématurément, après qu’on eut observé une légère hausse du nombre d’infections dans le groupe de femmes utilisant le gel.

Cela ne discrédite pas les deux autres gels microbicides toujours en phase d’essais cliniques, se sont empressés de souligner les groupes de pression. Ainsi que les chercheurs indo-américains responsables d’un des deux tests, qui ont présenté lundi, 25 février, des résultats préliminaires encourageants lors d’un congrès tenu en Inde. Mais ces deux produits se retrouvent avec une pression plus grande encore sur leurs épaules.

Carraguard, le premier gel en question, conçu à base d’une algue, était testé sur 6202 Sud-africaines. La moitié avait reçu le produit, et l’autre moitié un placebo. Elles avaient également reçu des condoms. Pendant les trois années couvertes par l’étude (mars 2004 à mars 2007), les chercheurs ont diagnostiqué 134 nouvelles infections parmi celles qui utilisaient le Carraguard et 151 parmi les autres —une différence pas assez élevée pour être jugée significative.

« Les résultats sont les résultats. Le gel ne fonctionne pas », résume amèrement dans les pages de Nature Alana de Kock, chercheure principale pour cette enquête menée sous l’égide de l’Université du Cap et financée par Population Council, un organisme de recherche sur la reproduction à but non lucratif basé à New York.

Ce n’est évidemment ni la première ni la dernière fois qu’un médicament, prometteur dans l’environnement contrôlé des souris ou d’autres animaux, se révèle inefficace chez des humains. C’est le lot de la recherche pharmaceutique depuis toujours. Mais s’agissant du sida, qui sème son lot de désolation parmi les pays les plus pauvres de la planète, l’espoir d’un traitement prend une autre résonance...

Le gel a par ailleurs l’avantage non négligeable de donner à la femme un certain contrôle sur sa sécurité, là où les hommes refusent de porter un condom...

Je donne