C’est à présent au tour de CNN de fermer son unité de journalisme scientifique. Dernier épisode d’une longue série, la même semaine où un des meilleurs quotidiens américains, le Los Angeles Times, se retrouve au bord de la faillite.

Les déboires du journalisme scientifique apparaissent mineurs, à côté de ceux du Los Angeles Times et de son groupe de presse, Tribune. Mais ils sont symptomatiques de ce qui se brasse dans le secteur des médias : depuis les années 1970, les journaux perdent petit à petit des lecteurs et coupent dans leur personnel —et les journalistes scientifiques ont souvent été les premiers à écoper.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

CNN faisait partie des quelques grands médias à avoir conservé une équipe spécifiquement attachée à la science, la technologie et l’environnement : sept personnes, dont six derrière la caméra et un journaliste. Ces sept personnes perdent leur emploi ou sont assignées à d’autres tâches.

Officiellement, le secteur scientifique est désormais intégré aux nouvelles générales, a annoncé CNN le 4 décembre. Mais l’expérience des autres médias démontre que ce prétexte se traduit généralement par une disparition pure et simple de la couverture scientifique régulière. Le réseau d’information continue a aussi eu à son antenne une émission hebdomadaire sur la science, interrompue en 2001.

Les médias se sentent d’autant plus autorisés à faire ces coupures que la communauté scientifique, de même que les simples citoyens amateurs de science, protestent fort peu, contrairement à ce qui se passe lorsqu’un média réduit sa couverture du cinéma, du théâtre ou des livres. C’est ce que faisait remarquer il y a quelques semaines le journaliste scientifique torontois Peter Calamai —lui-même victime de coupures au Toronto Star. Ce à quoi son interlocuteur et homologue américain Chris Mooney ajoutait que « si ces deux royaumes, les médias et la science, sont tellement déconnectés » que le second ne proteste jamais face aux mauvaises décisions du premier, « alors il est difficile de voir comment la science pourrait compétitionner avec les sports, ou même l’horoscope ».

Je donne