Il y a longtemps qu’on n’a pas parlé de ces mystérieuses disparitions en série d’abeilles, mais le phénomène n’a pas disparu, et la solution n’est pas en vue. Tout au plus peut-on à présent expliquer... pourquoi on trouve peu d’abeilles mortes!

À travers l’Amérique du Nord, les ruches continuent de perdre leurs travailleuses par millions. Le phénomène avait été baptisé en décembre 2006 « syndrome de l’effondrement des colonies », parce que la population de nombreuses ruches se mettait soudain à baisser dramatiquement, sans qu’on ne trouve pour autant d’abeilles mortes à proximité. Elles disparaissaient, tout simplement. Mais comme de nouvelles ruches n’apparaissaient nulle part, elles étaient présumées mortes.

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La probabilité des morts en série a été renforcée par l’identification, en septembre 2007, du virus IAPV (Israeli acute paralytic virus). Or, c’est ce virus qui vient aussi d’apporter la solution à l’absence de cadavres à proximité de la ruche. La solution est que les abeilles infectées ne meurent pas tandis qu’elles sont dans la ruche; elles ont le temps de partir, avec pour résultat que leurs cadavres peuvent être éparpillés sur de grandes distances.

Dans des tests menés à l’intérieur d’une serre, une équipe de l’Université d’État de Pennsylvanie a ainsi retrouvé « ses » abeilles infectées aux quatre coins de la serre, a dévoilé récemment Diana Cox-Foster, lors du congrès de la Société d’entomologie américaine.

L’équipe a également pu isoler le virus IAPV dans le pollen transporté par les abeilles, ce qui suppose que le virus circule plus « librement » qu’on ne le craignait : il pourrait, en théorie, se transmettre d’une abeille à l’autre par l’intermédiaire de fleurs infectées.

En attendant, les dommages, eux, se poursuivent. Des colonies bourdonnantes d’activité deviennent silencieuses en quelques semaines. Pendant l’hiver 2006-2007, le quart des apiculteurs américains ont rapporté de telles disparitions. Pendant l’hiver 2007-2008, jusqu’à 37%; il est impossible de savoir quelle proportion de cette « croissance » est le résultat d’une meilleure vigilance des apiculteurs.

Mais s’il y a croissance du problème, il y a de grandes raisons de s’inquiéter. Jusqu’à un tiers de la production alimentaire à travers le monde dépend de bestioles transporteuses de pollen, comme les abeilles. Les producteurs « bio » pourraient être les premiers affectés, eux qui tentent de ne s’appuyer que sur des facteurs « naturels » pour assurer leur production.

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