Nous sommes nés pour croire. Mieux : le fait de croire, que ce soit en Dieu ou autre chose, serait un processus normal de l’évolution. Une question de sélection naturelle, en quelque sorte.

« Il y a maintenant beaucoup de preuves à l’effet que certaines des bases pour nos croyances religieuses sont profondément implantées dans notre cerveau », résume Paul Bloom dans un dossier récent du New Scientist .

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Paul Bloom est psychologue à l’Université Yale. Mais la psychologie n’est pas la seule discipline qui s’interroge sur l’origine des croyances. La neurologie et la biologie apportent des réponses intriguantes, ces dernières années. Qui convergent vers le même point : une croyance religieuse serait une étape normale de l’évolution, qui aurait aidé nos lointains ancêtres à former des communautés plus solides, donc plus susceptibles de survivre.

Autrement dit : la religion aurait été « sélectionnée » par l’évolution, ce qui expliquerait qu’elle imprègne aujourd’hui toutes les sociétés humaines. C'est notamment le propos de Daniel Baril dans son livre La Grande illusion .

Tout le monde n’est pas d’accord. L’anthropologue Scott Atran, de l’Université Ann Arbor (Michigan), se demande par exemple en quoi la croyance en une vie après la mort est compatible avec le désir de survivre ici et maintenant, et de propager nos gènes vers la génération suivante.

Mais les arguments « pour » ont une saveur convaincante. La manière par laquelle le cerveau des enfants de moins de 5 ans explique le monde qui les entoure —magie et surnaturel— est similaire à la façon dont les adultes l’expliqueront. L’éducation et l’expérience nous enseignent certes à nous détacher des explications surnaturelles, mais ça ne nous quitte jamais totalement, expliquent dans ce dossier du New Scientist Pascal Boyer, de l’Université Washington (Missouri) et Deborah Keleman, de l’Université de l’Arizona.

Mieux, derrière l’explication « Dieu », il y a un besoin omniprésent, celui d’associer illico presto une cause à un effet. Pourquoi cela? Parce que c’est ainsi que fonctionnaient nos ancêtres animaux, depuis des centaines de millions d’années : vous voyez quelque chose bouger, vous présumez que c’est un prédateur et vous fuyez tout de suite. Cause et effet: c’est une stratégie de survie qui s’est avérée payante!

La religion serait donc un « artefact de nos neurones auquel on ne peut échapper », résume Paul Bloom. Cela expliquerait que l’athéisme soit « aussi difficile à vendre ». Croire est facile; rejeter la croyance « nécessite un effort ».

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