Les chiros sont en crise. Dénoncés sur toutes les tribunes en Grande-Bretagne pour leur poursuite en justice contre un journaliste qui a osé écrire qu’il n’y avait pas de preuves de l’efficacité de la chiropractie, ils répliquent en publiant des avis à leurs membres... leur recommandant de cesser de faire des affirmations sans preuves.

L’Association britannique des chiropraticiens (BCA) —celle qui est derrière la poursuite— a elle aussi répliqué en publiant, le 17 juin, une liste, réclamée depuis 15 mois, de 29 études qui, dit-elle, démontrent l’efficacité de la chiropractie. Vingt-quatre heures ont toutefois suffi pour faire encore plus mal paraître l’Association : sur ces 29 « études »... 13 n’en sont pas (trois commentent le fait que les manipulations de la colonne vertébrale sont censées être sécuritaires, deux parlent d’éthique médicale et une est... le Code de conduite des chiros!).

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N’en reste que 16 qui parlent d’efficacité des traitements, en particulier pour guérir des maladies infantiles, dont neuf consacrées aux coliques. Les résultats sont « pauvres », commente le médecin blogueur David Colqhhoun :

- trois n’ont aucun groupe de contrôle : les auteurs suivent des bébés dont les coliques ont éventuellement cessé; mais des coliques cessent de toutes façons, traitement ou pas; un groupe de contrôle aurait permis de voir si les traitements cessent plus ou moins vite chez les bébés qui ont subi des manipulations de la colonne vertébrale; - trois ne sont pas des études; - une compare avec l’efficacité de la diméthicone, un remède pour les coliques dont l’efficacité n’a pas non plus été prouvée, et une compare deux traitements chiropratiques entre eux, ce qui revient à tenter de prouver « qu’ils sont aussi efficaces ou aussi inefficaces l’un que l’autre »; - la dernière conclut que « les améliorations constatées sont peu probablement le fruit des manipulations chiropractiques ».

Le reste est à l’avenant, analyse le blogueur et journaliste Martin Robbins, qui a passé ces 29 études en revue et n’en revient pas : après 15 mois d’attente, c’est ce qu’ils pouvaient produire de mieux? Savent-ils au moins comment on définit une preuve?

Moins embarrassantes pour leur réputation, sont les sages recommandations aux chiros publiées ce mois-ci par les chiros eux-mêmes. Mais les partisans d’une campagne d’appui au journaliste Simon Singh (plus de 12 000 signatures en moins d’un mois) en ont également fait leurs choux gras : en gros, les chiros recommandent aux chiros de ne pas utiliser le titre de « docteur » si cela peut prêter à confusion, de retirer de leurs sites toute phrase donnent l’impression que leurs traitements s’appuient sur des preuves scientifiques, de ne pas faire de promesses qu’ils ne peuvent pas tenir, etc. « Ce sont des avis que l’Association britannique des chiros aurait dû donner dès le début », pas quand un désastre de relations publiques lui tombe dessus, commente dans un autre texte Martin Robbins.

Reste à voir si la poursuite judiciaire contre Simon Singh sera abandonnée. Pour l’instant, ce ne sont pas les chiros et leur crédibilité qui en sortent gagnants.

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