Serait-il plus éthique de manger de la viande si on pouvait désactiver le gène de la douleur chez les animaux d’élevage? Aussi bizarre que cela semble, les progrès récents de la neurologie et de la génétique rendent ce scénario plausible. Et s’il est plausible, alors travailler à en faire une réalité devient carrément un devoir.

C’est le pavé dans la mare qu’a lancé au début du mois le philosophe Adam Shriver, de l’Université Washington à Saint-Louis (Missouri), dans le journal Neuroethics. Et d’autres avaient préparé le terrain : « nous savons qu’il est possible de dissocier la sensation [de douleur] de la perturbation proprement dite », explique Martha Farah, neurologue.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Par exemple, les patients sous la morphine ressentent la douleur, mais en sont beaucoup moins « troublés ». Le même phénomène semble se produire chez des souris auxquelles on a retiré le gène Nav1.7. Ces deux démarches -la drogue et la génétique- convergent vers un même but : réduire au silence les mécanismes chimiques qui, dans le corps des animaux —et le nôtre— envoient le message « Aïe! »

Mais d’un point de vue écologique, le problème de la surproduction de viande restera entier : une tonne de boeuf coûte beaucoup plus cher en gaz à effet de serre, qu’une tonne de maïs. À l’heure où ceux qui défendent l’environnement de même qu’une consommation plus responsable suggèrent de réduire la consommation de viande, il n’est pas sûr que la production d’une viande plus éthique sera bien perçue, même si elle sera moins culpabilisante...

Je donne