En Chine, le prix d’un laisser-faire face aux changements climatiques a été établi. Une étude de 2006 estimait qu’il coûte 270 milliards de dollars annuellement, soit 10 % du PIB, pour la gestion des cauchemars environnementaux qui en découlent. Et il s’ajoutera des dizaines de milliards de dollars, si rien n’est sérieusement entrepris pour stopper la croissance des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre, estimées en 2004 à 5600 tonnes nettes.

Mais le gouvernement de Hu Jintao sait compter. Si au contraire, il investit dans la mise en œuvre du Programme national sur les changements climatiques préparé par la Commission sur le développement national et la réforme de Chine, et qu’il signe le nouveau protocole d’après-Kyoto, la Chine se positionnera comme leader en matière de production de technologies renouvelables. Tant au niveau national que mondial. « Nous planifions notre croissance économie en fonction d’une société axée sur les technologies vertes », a clairement indiqué Wu Jinglian, économiste senior au Development Research Centre of State Council de la République populaire de Chine, lors d’une récente rencontre internationale de leaders en environnement.

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Cinq axes d’action

Le document de 60 pages est divisé en cinq axes d’action, les premiers servant à démontrer à la communauté internationale que la Chine est déjà en mouvement pour contrôler ses émissions de GES, les autres exposant ses politiques et mesures pour ralentir les changements climatiques. Pour qui sait bien lire entre les lignes, c’est également un canevas du prochain plan quinquennal qui sera adopté en 2010 dans les domaines du solaire, de l’éolien, de l’hydro-électricité, du nucléaire, du charbon et de l’efficacité énergétique. Ceci sans oublier les actions prévues en terme de reforestation et de captage du carbone.

Premier en technologies vertes

Les projets sont nombreux. L’État chinois planifie développer son potentiel hydroélectrique dans les régions à l’ouest du pays et implanter de dizaines de mini-barrages là où les cours d’eau pourront en alimenter les infrastructures. La Chine annonce également son intention de construire des centrales nucléaires sur la côte est du pays, quoiqu’il soit un faible producteur d’uranium. Elle consacrera d’importants investissements pour fabriquer de l’énergie à partir de la biomasse et des biocarburants, comme l’éthanol à base de maïs.

Le gouvernement chinois prévoit également bonifier ses capacités pour capter l’énergie venant des vagues et de l’océan, tout particulièrement en soutenant l’installation de centrales marémotrices à Zhejiang, Fujian et à Guangdong. Enfin, des efforts seront consacrés à la génération de systèmes technologiques capables de liquéfier le charbon et assurer son entreposage, de même qu’aux industries productrices de méthane houiller (cold-bed gas).

« Est-ce que ce sont des actions suffisantes? s’est questionné Tang Min, secrétaire général du China Development Research Foundation, lors d’un débat avec les leaders internationaux. Nous possédons déjà suffisamment de technologies pour mener à bien ces objectifs. Et nous devons continuer à les développer pour prendre soin des sept prochaines générations d’enfants de la planète », a-t-il plaidé.

Redéfinir l’économie mondiale

Le légendaire canadien Maurice Strong, dorénavant installé en Chine, appelle une redéfinition du management de l’économie mondiale. C’est à son avis, la seule issue pour assurer la sécurité de la planète.

L’homme d’affaires et diplomate, maintenant âgé de plus de 80 ans, a dirigé sous la gouverne de l’Assemblée générale des Nations Unies, la mise en oeuvre des Sommets de la Terre de Stockholm en 1972 et de Rio de Janeiro en 1992, tout en soutenant la création de l’Organisation des Nations Unies pour l’environnement. Aujourd’hui professeur invité à l’Université de Pékin, à l’Université de Tongji de Shanghai et membre de plusieurs fondations environnementales en Asie, Maurice Strong est considéré comme un leader inspirant en Chine.

À la suite d’une de ses rares apparitions publiques en novembre dernier, le Canadien a profité de l’intérêt que lui portait la télévision chinoise pour interpeller le gouvernement chinois et la population sur « la nécessaire collaboration » de tous les pays en matière de changements climatiques.

« Nous devons restructurer le monde économique. Et les pays en développement doivent prendre le leadership de cette transformation. Par contre, pour être entendus, ils doivent accepter de joindre les efforts consentis par les pays industrialisés », a-t-il plaidé en entrevue avec la télévision chinoise.

Maurice Strong prédit que sans cette collaboration, il n’y aura aucun progrès à Copenhague et la Chine sera fortement pénalisée en termes d’impacts sanitaires et environnementaux. « Nous connaissons tous les risques, nous avons tous besoin de résultats constructifs », a-t-il précisé. Le patriarche croit que la pression populaire peut faire la différence. « Aucune nation ne peut agir seule. Ne laissons pas les dirigeants l’ignorer ».

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