Même si la malbouffe connaît une grande popularité auprès des Autochtones, elle ne compose pas l’essentiel de leurs menus. Baies saisonnières, viande de phoque ou de caribou : les Inuits s’alimentent encore en grande partie de manière traditionnelle.

C’est pourquoi les traités territoriaux devraient prendre en compte la sécurité alimentaire de ces populations. « Ce n’est souvent pas le cas. Les accords et les traités peuvent même nuire à ce droit fondamental de s’alimenter », avance Sophie Thériault, professeure de droit à l’Université d’Ottawa.

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Dans sa récente thèse de doctorat, La terre nourricière des Inuits : le défi de la sécurité alimentaire au Nunavik et en Alaska, la chercheuse analyse l’accessibilité réelle des produits de chasse, de piégeage et de pêche sur les territoires traditionnels. Des produits qui leur permettent aussi de se nourrir à moindres frais.

Sécurité alimentaire

En matière de sécurité alimentaire, la juriste constate que les accords passés avec les Inuits du Nunavik – une région de plus de 500 000 km2 au nord du 55e parallèle québécois — seraient toutefois plus conformes pour assurer cette sécurité alimentaire que ceux de l’Alaska.

« Les accords passés entre les Inuits de l’Alaska et les États-Unis sont pires, car ils sont fondés sur le marché. Les Inuits y possèdent des droits équivalents aux autres utilisateurs blancs de cette région ce qui joue en leur défaveur, car ils doivent partager les territoires de chasse ».

Au Québec, les anciens traités du Nunavik, entérinés dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois accordent des droits fonciers de chasse et de piégeage. Depuis 2006, ces droits s’étendent à la pêche et la chasse de mammifères marins.

« Mais les Inuits du Nunavik ont peu de pouvoirs décisionnels réels », constate la chercheuse. Pour garantir cette sécurité alimentaire, la chercheuse souligne l'impératif d'une participation accrue des Inuits aux processus décisionnels susceptibles d'affecter leurs intérêts - par exemple, en matière de chasse et de pêche.

Ainsi, comme le nouvel accord de formation du gouvernement autonome n’est pas encore finalisé, les Inuits devraient exiger, selon elle, que l’on prenne en considération leurs propres politiques alimentaires. Ils devraient revendiquer un plus grand accès à leurs anciens territoires de chasse et de pêche.

L’approvisionnement en produit frais, malgré les subventions de Poste Canada qui permettent leur transport jusqu’au Nunavik, reste onéreux. Ainsi, près de 60 % de leur alimentation est constituée de protéines animales. Et l’hiver s’avère une période particulièrement critique. « Les chasseurs déposent des prises destinées à être partagées au sein de congélateurs communautaires. Ces institutions ne suffisent pas pour assurer à l'ensemble des membres des communautés inuites une nourriture suffisante. Une famille sur trois rapportait avoir eu faim durant le dernier hiver. »

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