Des plaques tectoniques ont bougé. Un épicentre à moins de 25 kilomètres de la capitale, d’où les dégâts considérables. Ce n’était pas la première fois, et ce ne sera pas la dernière.

La secousse n’a pas vraiment surpris les spécialistes. Haïti a connu sept tremblements de terre majeurs depuis trois siècles et pour cause : elle est assise sur la faille qui sépare deux plaques tectoniques (voir la carte ci-contre) tout comme la Californie est assise sur la célèbre faille de San Andreas.

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Or, qu’est-ce qu’un tremblement de terre? Ce sont deux plaques qui glissent lentement l’une contre l’autre. Dans ce cas-ci, à raison de 2 centimètres par an. Pendant un certain temps — un temps qui se mesure en décennies — l’une empiète progressivement sur l’autre. Jusqu’à ce que se produise un point de rupture : l’une des deux plaques « casse » sur une partie de sa longueur; cela dégage une énergie tantôt faible, tantôt énorme. Le 12 janvier, elle fut énorme.

La faille en question fait environ 500 km de long; elle passe au sud de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Au nord de la faille, c’est la plaque tectonique de l'Amérique du Nord; au sud, celle, plus petite, des Caraïbes. Ce qui explique que toute cette zone soit connue des géologues comme une zone de risques sismiques (les Antilles françaises en ont connu, mais de moins grande amplitude, en 2004 et 2005).

Le quotidien Libération donne d’ailleurs la parole à un géologue français qui donnait un cours sur les risques de séismes aux autorités haïtiennes en 2002, et dont les propos sont reproduits sur le site web du Bureau des Mines et de l’Énergie d’Haïti:

Comme dans la plupart des régions sismiquement actives du globe, les séismes majeurs, capables d’engendrer des dégâts significatifs, ne sont pas courants en Haïti. On sait cependant que chacun des siècles passés a été marqué par au moins un séisme majeur en Hispaniola: destruction de Port au Prince en 1751 et 1771, destruction de Cap-Haïtien en 1842, séismes de 1887 et 1904 dans le nord du pays avec dégâts majeurs à Port de Paix et Cap-Haïtien, séisme de 1946 dans le nord-est de la République Dominicaine accompagné d’un tsunami dans la région de Nagua. Il y a eu des séismes majeurs en Haïti, il y aura donc des séismes majeurs dans le futur à l’échelle de quelques dizaines ou de la centaine d’années : c’est une évidence scientifique.

Mais ils ont beau être au courant des risques, Haïti n’est pas la Californie, où l’étude des tremblements de terre est pratiquement une industrie locale, et où des milliards de dollars ont pu être investis au fil des décennies dans les mesures de prévention : bâtiments à l’épreuve des séismes, entraînement des policiers et des services d'urgence et préparation de la population aux risques. La science est de bien peu d’utilité si on habite le pays le plus pauvre des Amériques...

Pascal Lapointe

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