La Conférence de Copenhague s’était achevé par l’engagement des pays de déposer, avant le 31 janvier, leurs promesses de réduction des gaz à effet de serre. C’était un engagement minimaliste, mais un engagement tout de même. Où en est-on?

Premier test réussi : la plupart des pays concernés —55 en tout, dont les plus gros émetteurs mondiaux— ont soumis leurs objectifs au Secrétariat de la convention sur le climat, l’organisme des Nations Unies qui supervise ces négociations. Les 27 pays de l’Union européenne, la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Canada, le Japon et le Brésil, sont du nombre. Deux absents : le Mexique et la Russie.

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C’est ainsi que le Canada a discrètement déposé samedi soir, 30 janvier, ses propres objectifs : 17% de réduction des gaz à effet de serre (GES) d’ici 2020, par rapport au niveau de GES de 2005. Les États-Unis avaient fait savoir deux jours plus tôt qu’ils comptaient réduire leurs émissions « d’environ » 17%, ce qui a motivé l’annonce canadienne —alors qu’une annonce précédente du gouvernement canadien faisait plutôt état d’une cible de 20%.

Le groupe de mots « par rapport au niveau de 2005 », est fondamental, parce que dans le Protocole de Kyoto, signé jadis par le Canada —mais pas par les États-Unis— on utilisait plutôt comme base de référence l’année 1990. De fait, depuis une dizaine d’années, des pays européens ont travaillé à atteindre, d’ici 2012, des cibles de réduction des GES par rapport à leurs niveaux de 1990 —et certains, quoiqu'une minorité, y parviendra.

Or, en utilisant plutôt comme base de référence l’année 2005, le Canada se trouve à autoriser... une légère augmentation de ses GES par rapport à ce qu’ils étaient en 1990 (2,5% selon l’évaluation de Greenpeace). Les États-Unis quant à eux, n’ont à réduire que de 3% ou 4% par rapport au niveau de 1990. Autrement dit, la marche à gravir, pour eux, est beaucoup moins haute que pour l’Union européenne.

Rappelons que l’Accord de Copenhague, qui a motivé ces promesses, avait été signé à la dernière minute de la Conférence de Copenhague, le 19 décembre, et avait largement déçu, tant il semblait mince et non contraignant. Pourtant, relève aujourd'hui le Secrétariat de la Convention, ces promesses du 31 janvier représentent une première : jamais autant de pays riches et moins riches, responsables de l’essentiel des émissions de GES de la planète, n’auront mis leurs cartes sur la table.

La Chine vise par exemple 40% d’ici 2020, par rapport au niveau de 2005. L’Inde, 20%. L’Union européenne, 20% aussi, mais par rapport au niveau de 1990, ce qui est beaucoup plus ambitieux.

Bémol : d’après les premières estimations des groupes écologistes, même si tous ces pays devaient réaliser leurs promesses, cela mettrait la planète sur la pente d’une augmentation des températures, d’ici la fin du siècle, de 3 degrés et demi par rapport à ce qu’elles étaient avant le XIXe siècle. Or, 3 degrés et demi est considéré au-dessus de la « marge de sécurité », cette marge, ou point de non-retour au-delà duquel les scientifiques s’entendent pour dire qu’on doit craindre des perturbations irréversibles du climat.

Reste à voir la mise en oeuvre de ces promesses, entre l'aide aux pays en voie de développement, le projet de loi qui chemine à Washington et le prochain rendez-vous des 193 pays, à Mexico...

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