Des opérations de désobéissance civile en cours depuis des mois dans les forêts de Virginie, ont tant et si bien fait parler qu’elles commencent à obtenir l’appui des politiciens. L’enjeu : l’enlèvement des sommets des montagnes pour pouvoir y exploiter une mine.

On a du mal à croire qu’on puisse enlever le sommet d’une montagne comme d’autres enlèvent leur chapeau, mais c’est pourtant une pratique courante. On commence par raser la forêt, puis on fait exploser le sommet pour atteindre le charbon caché juste en-dessous.

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Les débris sont jetés dans la plus proche vallée, où ils empiètent sur le cours de la rivière, le détournent ou le bloquent. La pratique touche la partie des Appalaches qui parcourt du Nord au Sud la Virginie occidentale, le Kentucky et le Tennessee, et elle permettrait, selon l’industrie minière, de produire 130 millions de tonnes de charbon par année.

Plus tôt ce mois-ci, des opposants se sont rassemblés en Virginie et au Kentucky, en signe d’appui à des propositions de lois pour réglementer sévèrement ces pratiques... et dans la capitale de la Virginie, ces opposants ont été accueillis par d’autres manifestants, supérieurs en nombre et venus, eux, souligner leur opposition à de telles lois qui, disent-ils, les mettraient au chômage. Au Kentucky, cela fait cinq ans que les écologistes tentent de pousser une telle loi, sans succès.

Mais l’opposition à « l’enlèvement des sommets de montagnes » (mountaintop removal ou MTM) a été nourrie le mois dernier par la prise de position de 11 scientifiques parue le 7 janvier dans Science —et accompagnée d’une efficace campagne de communication— qui attaque vigoureusement les prétentions « propres » de l’industrie minière :

Considérant les impacts environnementaux du MTM, en plus des preuves à l’effet que la santé des gens qui vivent dans (ces) régions du centre appalachien est compromise par les activités minières, nous concluons que les permis de MTM ne devraient pas être accordés à moins que de nouvelles méthodes puissent être sujettes à une révion par les pairs rigoureuse qui démontreraient qu’elles remédient aux problèmes.

Plus qu’une simple prise de position, le texte est une analyse des études parues au fil des années sur (en particulier) la qualité de l’eau dans les rivières et ruisseaux de Virginie occidentale. On y lit, entre autres histoires inquiétantes, que

- les débris relâchés dans les cours d’eau contiennent plusieurs types de métaux toxiques; - la biodiversité est réduite en aval; aucune étude n’a permis jusqu’ici de dire combien de temps il faut aux écosystèmes pour « récupérer »; - dans les parages de la mine, l’enlèvement de la forêt et la présence d’une machinerie lourde affectent le sol au point de réduire sa capacité à absorber l’eau, ce qui accroît les glissements de terrain, gonfle anormalement les ruisseaux et accroît les risques d’inondations; - même après la fin des activités minières, ou après des efforts pour ramener le site à son état initial, des concentrations anormales de métaux toxiques dans l’eau souterraine continuent d’être mesurées, selon une étude menée en 2006; - taux élevé d’adultes hospitalisés pour des problèmes pulmonaires chroniques et de l’hypertension, selon une étude menée en 2009.

Quelques jours avant la parution de ce texte dans Science, l’Agence américaine de protection de l’environnement avait accordé un nouveau permis pour l’enlèvement d’un sommet en Virginie, en alléguant que « les impacts environnementaux du projet seront adéquatement surveillés ». Une déclaration qui allait s'avérer gênante face à celle des 11 chercheurs pour qui « les tentatives pour réglementer les pratiques de MTM sont inadéquates ».

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