San DiegoLa géo-ingénierie reste encore la plus mal-aimée des solutions pour vaincre les changements climatiques. Mais aussi… le sujet le plus controversé du récent congrès de l’Association américaine sur l’avancement des sciences (AAAS) qui se déroulait la semaine dernière à San Diego.

À chacune des sessions où la géo-ingénierie était mise en vedette, les mêmes interrogations revenaient : qui devrait payer pour les recherches et l’éventuel déploiement en géo-ingénierie? Qui commandera le thermostat? Quelles sont les conséquences de telles techniques sur l’environnement? Et toujours la même réponse : il faut davantage de recherche pour répondre à ces questions.

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Cette réponse a d’abord été entendue de la bouche de David Keith de la Chaire de recherche du Canada en énergie et environnement à l’Université de Calgary : « Il sera bientôt technologiquement possible de modifier intentionnellement le climat afin de gérer le réchauffement climatique. Mais il faut davantage de recherche pour connaître les conséquences de ces opérations. »

Mais c’est aussi l’une des conclusions du rapport sur la géo-ingénierie de la Royal Society de Grande-Bretagne publié en septembre 2009. La Grande-Bretagne et l’Allemagne possèdent déjà des programmes nationaux de recherche en géo-ingénierie. En supposant que ces pays développent des technologies efficaces et sécuritaires pour modifier le climat, il faudra aussi, selon les scientifiques, penser à établir des ententes de transferts des connaissances technologiques.

Seul point faisant l’unanimité au sein de la communauté scientifique : le besoin de gouvernance. Est-ce qu’on voit une implication des Nations Unies à court terme en tant que système de gouvernance de la géo-ingénierie? Selon Catherine Redgwell, professeure de droit international à University College of London, le Conseil de sécurité ne pourrait s’impliquer qu’en cas de discorde entre les pays – menant à un conflit – sur le déploiement ou sur la propriété intellectuelle des technologies.

L’Assemblée générale des Nations Unies, quant à elle, pourrait adopter une motion condamnant toute activité de géo-ingénierie d’un membre sans le consentement des autres, mais cette motion n’aurait aucune valeur juridique.

C’est la raison pour laquelle tous les scientifiques sont d’avis qu’il faut un système de gouvernance qui devra se pencher sur les technologies de la géo-ingénierie, approuver chacune d’entre elles avant que de réels tests soient effectués et en encadrer l’éventuel déploiement.

Enfin, selon ces chercheurs, venus présenter leurs travaux sur les techniques et les risques associés, les obstacles et les bénéfices de cette science, on devrait redoubler d’ardeur à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. La géo-ingénierie pourrait être utilisée en cas d’urgence, mais elle ne devrait jamais remplacer les efforts pour couper les émissions de GES. « La géo-ingénierie doit être perçue comme un plan B », affirmait d’ailleurs David Keith. Selon lui, les changements climatiques ne sont pas un problème à résoudre, mais plutôt une situation qu'il faut apprendre à gérer et la géo-ingénierie est un autre outil pour y arriver.

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