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Mauvaise nouvelle pour ceux qui procèdent à « l’enlèvement des sommets de montagne » (c’est vraiment comme ça que ça s’appelle!). Une analyse des eaux qui coulent tout en bas de ces montagnes révèle des niveaux toxiques allant jusqu’à 50 fois la norme.

C’était à craindre : lorsqu’une compagnie minière enlève le sommet d’une montagne (mountaintop removal) afin d’accéder au charbon caché en dessous, les débris sont rejetés dans la vallée, où une partie s’accumule inévitablement dans les cours d’eau qui descendent de ladite montagne. Or, selon l’analyse dont il est question ici, sur 14 des 17 sites des Appalaches testés par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), on trouve de l’arsenic, du plomb, du mercure, du chrome, tous des métaux naturellement présents dans l’environnement, mais qui se retrouvent tout à coup concentrés là où ils ne devraient pas l’être —dans le détour d’un cours d’eau. Dans les pires cas, ils sont 50 fois plus élevés que la norme de l’EPA.

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Ces données de l’EPA, une agence gouvernementale, n’avaient pas été rendues publiques jusqu’ici, et ont été obtenues par des groupes environnementaux locaux en vertu de la loi d’accès à l’information, puis analysées par le toxicologue Carys L. Mitchelmore, de l’Université du Maryland. Les échantillons avaient été prélevés en 2007 et 2009. Les groupes environnementaux souhaitent à présent se servir de ces résultats pour exiger de l’EPA qu’elle interdise les « enlèvements » prévus —le plus récent permis, en Virginie, a été accordé en janvier.

Une partie importante des quelque 500 enlèvements de sommets de montagnes réalisés au cours des dernières décennies ont eu lieu sur la partie de la chaîne appalachienne qui parcourt le Kentucky, la Virginie-Occidentale et le Tennessee. Cette pratique permettrait, selon l’industrie minière, de produire 130 millions de tonnes de charbon par année. D’après Mitchelmore, les données à présent dévoilées seraient la première preuve statistique de la toxicité résultant directement de cette pratique.

Il faut également rappeler qu’en janvier, une lettre parue dans Science, et signée par 11 scientifiques, passait en revue les études parues ces dernières années sur la qualité de l’eau dans les rivières et ruisseaux de Virginie, et semblait y trouver des corrélations inquiétantes avec les lieux où des sommets avaient été « enlevés ».

Et plus récemment, deux ingénieurs ont tenté de calculer l’empreinte carbone de la pratique elle-même —pour enlever un sommet, il faut d’abord enlever tous les arbres, et il faut envoyer là-haut beaucoup de machinerie lourde. Personne ne sera étonné d’apprendre que le calcul de l’empreinte carbone n’est pas à l’avantage de l’industrie...

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