acid-rain-hoax.jpg
Pour les environnementalistes, le nouvel adversaire à démoniser n’est plus Exxon, mais Koch. La semaine dernière, une étude de Greenpeace évaluait que ce conglomérat du pétrole avait dépassé Exxon comme « premier donateur » des groupes climato-sceptiques. Et pour les Québécois, il y a un écho du passé : Koch Indutries fut, en 1990, chef de file de l’opposition américaine à toute réglementation des émissions responsables des pluies acides.

En 1990 en effet, le gouvernement américain débattait d’un amendement au Clean Air Act ayant pour but d’établir un programme d’échange d’émissions (cap and trade), similaire aux bourses du carbone qu’on tente d’instituer aujourd’hui, mais dirigé contre les émissions de dioxyde de soufre : l’objectif de cet amendement était l’éradication des pluies acides. Un groupe de pression financé par Koch, Citizens for a Sound Economy, créé en 1984 pour mousser une diminution des taxes aux entreprises, lança un autre groupe, Concerned Citizens for the Environment, pour s’opposer à l’amendement. Ce « groupe de citoyens » ne comptait aucun membre, mais produisit des « études » alléguant que les pluies acides étaient un mythe.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

David Koch, le vilain de cette histoire, est un magnat du pétrole, le 9e homme le plus riche des États-Unis, dont le conglomérat, Koch Industries, est responsable de plus de 300 déversements pétroliers aux États-Unis selon l’Agence américaine de protection de l’environnement. Le blogue The Wonk Room recense, parmi ses « errements », une amende de 35 millions$ pour déversements illégaux dans des rivières. Koch Industries est aussi le principal mécène d’un groupe appelé Americans for Prosperity (AFP), qui mène actuellement la charge contre les règlementations environnementales.

Mais la croisade d’AFP n’est que le dernier épisode d’une campagne « pour obtenir le droit de polluer sans restrictions », que Wonk Room et Greenpeace font remonter à 1977 :

- le frère de David Koch, Charles, fonde en 1977 l’Institut Cato qui, depuis les années 1990, constitue l’un des chefs de file des « think thank » soi-disant indépendants sur lesquels s’appuient les climato-sceptiques; - en 1984, Koch fonde Citizens for a Sound Economy (CSE), mentionné plus haut, qui se signale aussi en 1993 pour son opposition à une taxe contre les gaz à effet de serre et en 1994 pour son opposition à des règlementations anti-tabac; - en 1996, l’Institut Cato mène la charge pour « neutraliser » l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA); - en 2001-2002, des lobbyistes de Koch Industries sont placés par le nouveau gouvernement Bush dans des positions stratégiques —l’un devient par exemple directeur du programme sur la qualité de l’air de l’EPA; une autre est nommée directrice adjointe du Conseil de la qualité environnementale de la Maison-Blanche; - en 2004, CSE est engagé dans une campagne massive pour la réélection du président Bush et de républicains-clefs au Congrès; cette même année, le Wall Street Journal écrit qu’un autre groupe de Koch, le Centre Mercatus, « détient plus de pouvoir qu’aucune firme de lobbying (de Washington) pour influencer les réglementations environnementales ».

En tout, ce sont des dons de 73 millions —uniquement ceux dont la provenance a pu être identifiée— qui ont voyagé à travers un pipe-line allant des bureaux de la direction de Koch, au Kansas, jusqu’à ces think tank « indépendants » et autres lobbyistes. Dont 25 millions uniquement pour la lutte contre les changements climatiques entre 2005 et 2008, ce qui leur a permis de coiffer au poteau ExxonMobil.

Je donne