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Une étude canadienne révèle que le phytoplancton, une algue microscopique qui constitue un des piliers de l'écosystème planétaire, est lourdement menacé par le réchauffement.

La situation est préoccupante : depuis 1950, la masse du phytoplancton a diminué de 40 %. Et le rythme de sa disparition s'accélère, pour atteindre environ 1% par an aujourd'hui. Sur 10 grandes zones étudiées à travers le monde, huit sont en déclin.

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Pour être capable de dessiner une tendance à long terme et à grande échelle, les chercheurs de l’Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse, qui ont publié cette étude dans Nature en juillet, ont analysé un nombre colossal de données océanographiques collectées depuis plus d'un siècle : près de 450 000 mesures de la transparence des eaux effectuées entre 1899 et 2008 sur toute la surface du globe leur ont permis de suivre l'évolution de la concentration en chlorophylle –le pigment vert responsable de la photosynthèse dans les cellules végétales— et de la corréler avec des données climatiques.

L’observation des cycles océaniques naturels leur a ainsi montré que le phytoplancton diminue quand la température de l'eau augmente : plus la mer est chaude, moins les courants qui permettent la remontée des eaux froides (riches en éléments nutritifs) sont intenses ; or, le phytoplancton est présent essentiellement en surface; il est donc moins fertilisé.

Comme on le sait, les océans se réchauffent – ils ont gagné de 0,5 à 1°C en un siècle. Ce déficit en alimentation que vit le phytoplancton s'intensifie donc à cause des changements climatiques.

Conséquences dans l’eau, l’air et l’assiette

Cette algue microscopique est à la faune océanique ce que le pâturage est à la faune terrestre : la base de toute nourriture. Le biologiste Boris Worm, qui a déjà étudié l'impact de la surpêche sur la diminution des ressources marines, montre maintenant du doigt la diminution du phytoplancton. « Dans les zones où la production de phytoplancton est faible, les quantités pêchées sont beaucoup moins importantes. Finalement, c’est par le haut comme par le bas de la chaîne alimentaire que l’Homme met les poissons sous pression », explique-t-il.

En coupant l’herbe sous le pied de la faune océanique, le réchauffement global pourrait donc avoir un impact majeur sur les ressources alimentaires de l'humanité, qui puise en mer l'essentiel de ses protéines.

Mais ce n'est pas tout : bien que le phytoplancton ne constitue que 1% de la biomasse végétale, sa consommation et son renouvellement sont si rapides qu'il génère 45 % de cette biomasse. Il est donc responsable de presque la moitié de l'activité photosynthétique, et assure par conséquent à lui seul presque la moitié de la production d'oxygène atmosphérique et de la fixation du CO2 dans la matière organique. C'est à la fois un poumon et un puits de carbone quasiment aussi vastes que toutes les autres plantes réunies.

Le déclin du phytoplancton risque donc d'entraîner un cercle vicieux : si moins de CO2 est séquestré par cette microflore océanique, sa concentration dans l'atmosphère va s'élever ; l'effet de serre va s'intensifier et la température des océans va augmenter, d'où finalement amplification du phénomène responsable de la disparition du phytoplancton.

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