dreamstime_6042932.jpg
Des roches volcaniques sur l’Île de Baffin, dans l’Arctique canadien, racontent les grands débuts de la Terre. La constitution chimique de ces basaltes donne des informations sur la formation de la croûte terrestre originelle, il y a près de 4,5 milliards d’années.

« La croûte terrestre n’est pas un mélange uniforme, tel un gâteau marbré. Des portions auraient échappé au changement, dû à la fonte volcanique, qui sévit depuis le début », dit Don Francis, professeur au département des sciences de la terre et des planètes de l’Université McGill et co-découvreur de ces morceaux de lave primaire, le long des côtes de l’île de Baffin et de l’ouest du Groenland.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

C’est notamment la concentration d’une version rare de l’hélium (3He/4He) et d’autres isotopes primaires qui suggère qu’il s’agit de fragments du magma primitif. L’annonce de cette découverte est parue dans la revue Nature.

Roches de l’Hadéen

En ces temps géologiques reculés, qu’on appelle l’Hadéen, alors que la Terre venait tout juste de se former, de grands bouleversements étaient à l’oeuvre : des bombardements de météorites, de grands écarts de températures et le dégazage de roches.

C’est à cette époque que se forme le noyau et se constitue la première croûte terrestre : un premier manteau, appelé chondritique, qui n’aurait pas été « contaminé » par l’apport des météorites.

Jusqu’à présent, les géologues étaient parvenus à identifier d’importantes concentrations d’hélium au sein de basaltes océaniques —qui proviennent de grandes profondeurs du manteau terrestre— mais sans pouvoir dater ces pierres.

Ils se fiaient plutôt sur les météorites pour avoir un portrait géochimique de la petite enfance de notre planète. La récente découverte vient bousculer les connaissances de la constitution chimique de cette première enveloppe.

«Cette découverte aura également des impacts sur nos connaissances de la constitution des autres planètes du système solaire », pense le géologue Don Francis. Celui-ci commence à être un habitué des médias : il a été de l’équipe canado-américaine qui a découvert, il y a deux ans, ce qui semble être la plus vieille roche au monde : 4,28 milliards d’années !

Percer les origines de la Terre n’est qu’un des projets de ce géologue, qui arpente aussi le Haut Plateau du Raudot, le côté est du cratère Manicouagan. Connues pour être les plus riches en fer de la Terre, ces laves du Nord québécois pourraient nous éclairer sur la formation de la lave sur la Lune et sur Mars (voir encadré).

Je donne