capture_decran_2010-11-17_a_12.05.00_.png
Il y a 20 ans cette semaine, un chercheur en informatique envoyait à quelques-uns de ses collègues un banal mémo intitulé «WorldWideWeb: Proposal for an HyperText Project». Il était promis à un brillant avenir...

Le premier paragraphe se lisait ainsi :

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

HyperTexte est une façon de lier et d’accéder à des informations de différentes sortes, à la manière d’une toile à travers laquelle l’usager peut naviguer à volonté. Il fournit une interface unique pour de larges ensembles d’informations (rapports, notes, bases de données, documentation informatique et aide en ligne). Nous proposons un projet simple qui incorporerait les serveurs déjà disponibles au CERN.

Tim Berners-Lee, le co-auteur, recherchait depuis plus d’un an une solution à un problème qui, avec la croissance rapide de l’informatique, devenait de plus en plus épineux: comment faciliter le partage d’informations entre des chercheurs éparpillés dans différentes villes et travaillant sur des plateformes différentes? Son employeur, le CERN (qui s’appelait alors le Centre européen de recherche nucléaire), était tout particulièrement confronté au problème, avec des bureaux éparpillés entre la France et la Suisse.

Il avait donc déposé un premier projet en mars 1989. Celui-ci n’avait pas suscité d’enthousiasme, mais son supérieur l’avait encouragé à poursuivre. Il était revenu à la charge, ce fameux 12 novembre 1990, avec cet encore nébuleux «WorldWideWeb», rédigé en collaboration avec l’ingénieur belge Robert Cailliau. Et la suite de l’histoire, on la connaît...

Quelles ressources demandait-il à ses patrons? Presque rien: quatre informaticiens, un programmeur, un ordinateur pour chacun d’eux, et six mois. Le 6 août 1991, était créé le premier site web de l’histoire (attendez-vous à un autre 20e anniversaire en août prochain).

Bien sûr, tout ce qui était pensé sur papier n’allait pas se réaliser comme prévu. Par exemple, «notifier automatiquement un lecteur lorsque du nouveau matériel d’intérêt pour lui devient disponible» reste encore très approximatif (ce pour quoi vous pouvez être prévenu n’est qu’une minuscule partie de ce qui est mis en ligne). Quant à l’accès universel et sans entraves à toute l’information numérisée, il n’est pas encore réalité, du moins pas pour les utilisateurs spécialisés que sont les scientifiques: de multiples bases de données, notamment gouvernementales, résident encore sur des plateformes incompatibles avec les outils usuels.

Mais le chemin parcouru depuis ce banal mémo, en seulement 20 ans, reste impressionnant.

Je donne