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L’industrie du gaz de schiste n’en sortira pas grandie. Un déversement d’eau contaminée découvert ces derniers jours dans un comté du nord de la Pennsylvanie, bien que mineur, provient du bassin où était entreposée l’eau qui, lors des forages, remonte avec le gaz.

Le bureau local du ministère de l’Environnement de Pennsylvanie a révélé lundi, 22 novembre, que la fuite, causée par une valve restée ouverte et à présent refermée, avait eu le temps d’atteindre un ruisseau du comté de Lycoming. La fuite est estimée à 49 000 litres, soit l’équivalent d’une piscine résidentielle et demi (et les deux tiers de l’eau contaminée que contenait la cuve).

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L’incident est donc mineur, mais ramène à la surface deux des principales inconnues qui, depuis deux ans, rôdent continuellement autour de l’extraction du gaz de schiste :

Le comté de Lycoming, largement agricole, est situé dans le nord-est de la Pennsylvanie, à une centaine de kilomètres des Finger Lakes, dans l’État de New York : ces deux États partagent la strate géologique Marcellus, haut lieu du forage pour le gaz de schiste depuis deux ans.

L’incident a également attiré l’attention sur la compagnie XTO Energy, du Texas, propriétaire du puits et spécialisée dans l’extraction de gaz : elle a été achetée en juin 2010 par le géant du pétrole Exxon, pour la somme de 30 milliards$. Or, c’est la troisième grosse compagnie de gaz à être achetée aux États-Unis par un géant du pétrole cette année : Chevron a acquis Atlas Energy et Shell a acheté East Ressources, deux compagnies actives en Pennsylvanie, pour près de 5 milliards$ chacune.

Peut-être les compagnies pétrolières, écrit le Wall Street Journal, cherchent-elles ainsi à diversifier leurs activités, à une époque où la dépendance au pétrole commence à être mal vue. Mais en même temps, elles se protègent : dans l’acquisition de XTO, il y a une clause par laquelle la compagnie pétrolière pourrait se retirer « si la technologie devenait problématique », révélait le Financial Times l’hiver dernier. On parle ici de la technologie dite de fracturation, sans laquelle l’extraction du gaz de schiste serait hors de prix.

Cette technologie pourrait-elle devenir « problématique » en raison des pressions de l’opinion publique? Il est certain que les compagnies ont davantage de motifs de s’inquiéter à mesure que se multiplient les histoires, aux quatre coins des États-Unis, où on les accuse d’être responsables de puits contaminés, de robinets qui s’enflamment, de déversements illégaux et à présent de bassins qui fuient.

Mais ces pressions n’ont eu pour l’instant qu’un impact symbolique. À la mi-novembre, la ville de Pittsburgh devenait la première à interdire des opérations de fracturation sur son territoire — un geste symbolique, puisqu’en Amérique du nord, ces opérations n’ont pratiquement jamais eu lieu en milieu urbain. Le gouverneur de la Pennsylvanie a également interdit, à la fin d’octobre, le forage dans les forêts publiques —un geste symbolique là aussi, puisque ces forêts ne représentent qu’une petite fraction du territoire, et que la décision pourrait être renversée par le futur gouverneur, en janvier.

La seule exception de taille est l’État de New York, qui a imposé un moratoire sur tout nouveau forage, notamment dans la région des monts Catskill, là où la ville de New York puise son eau potable. Mais tous les gouvernements n'ont pas une ville de New York dans leur manche.

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