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Alors que l’Année mondiale de la biodiversité s’achève, le documentaire La Reine malade pose un regard sensible sur le quotidien des apiculteurs et leur combat pour sauver les abeilles, ces indispensables pollinisateurs.

Rencontre avec son réalisateur, Pascal Sanchez, qui vient de se mériter le Prix ÉcoCaméra 2010 des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).

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Agence Science-Presse (ASP) – Quelle était ta motivation à réaliser ce documentaire sur les abeilles?

Pascal Sanchez (PS) — Lorsque j’ai pris connaissance de l’hécatombe des abeilles, j’ai tout de suite eu envie de faire un film. C’est un problème inquiétant qui nous touche directement, car notre alimentation dépend de la bonne santé de ces pollinisateurs. Je voyais un film fort et plaisant à la fois. Et pour parler du lien ancestral qui existe entre l’abeille et l’être humain, j’ai pris le parti de l’apiculteur. C’est une image romantique : l’éleveur des abeilles travaille, décode et subit les caprices de la nature, il arpente le territoire, car les ruches sont disséminées dans les champs.

ASP — Comme lors de votre précédent film, Le reel du fromager, votre documentaire se construit autour d’un personnage central. Ici, l’apiculteur Anicet Desrochers.

PS — Je cherchais un passionné qui pourrait articuler des éléments de solution. Anicet Desrochers, en plus d’être connu dans le milieu de l’apiculture québécoise, a une facilité à communiquer. Son dynamisme nourrit le film. Et le fait qu’il soit jeune permet aussi de casser l’image que l’on se fait de l’apiculteur, le bonhomme barbu dans un champ de fleurs. Le tournage s’est déroulé durant une année, on a pu suivre le fil des quatre saisons et entrer dans son intimité et de comprendre son combat pour les abeilles.

ASP — Vous êtes un réalisateur très discret, vos personnages prennent toute la place. Pourquoi avoir choisi cet angle?

PS — Je ne suis ni journaliste, ni scientifique, j’ai fait ce que je fais le mieux : pointer ma caméra. De cette manière, on sent le lien unissant l’apiculteur à la nature et le message est plus fort. Ce n’est pas moi qui porte le contenu. C’est l’apiculteur qui explique les choses et qui prend la parole. On voit ses difficultés et ses doutes et on y croit. Le film se nourrit aussi des allégations des scientifiques. Il aurait pris une tout autre direction s’ils avaient pris le devant de la scène. J’ai fait le pari de l’humain. C’est l’apiculteur qui touche le public et l’important, c’est ce qu’il a à dire.

ASP — Que vous apporte le prix EcoCaméra des RIDM?

PS — Une grande satisfaction. Avec les Rencontres du documentaire, le film devient vivant chez les spectateurs. Il résonne chez les gens et suscite la discussion. C’est un moment particulier. Nous sommes en train de monter une tournée québécoise pour le montrer plus largement, notamment à Mont-Laurier, notre lieu de tournage. Nous aimerions peut-être aussi réaliser une série dans la continuité de La Reine malade. Dans différents pays du monde, l’abeille occupe une place sacrée et mystique. Par exemple à Madagascar, elle est investie de l’esprit des ancêtres. Je continuerai à explorer ce lien entre l’humain et les abeilles.

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