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Neptune, l'observatoire sous-marin au large de l'île de Vancouver, est aux océans ce que le télescope spatial Hubble est à l’espace. «Impossible de laisser à un petit groupe de scientifiques le contrôle de ces outils très onéreux», explique Benoît Pirenne, directeur adjoint.

Traditionnellement, un océanographe part en expédition, dépose ses instruments, récupère ses données après quelques semaines et rentre les étudier. Avec Neptune, on change d'échelle. Six batteries d'instruments sont placées au fond du Pacifique (microphones, capteurs de pression, accéléromètres et autres) d'où elles envoient en permanence leurs mesures. En quelques secondes, celles-ci sont disponibles sur Internet pour les chercheurs du monde entier (et les curieux). Il y en a pour l'écologie comme pour la sismologie, la climatologie ou l'étude des courants.

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La quantité de données enfle donc à chaque seconde. Comment traiter tout cela? «Le web 2.0 apporte des solutions», se réjouit Benoît Pirenne. Le résultat, c'est un genre de Facebook de l’océanographie, où chaque chercheur a sa page personnelle, avec l'historique de son travail, ses préférences. Il y partage avec ses confrères des liens vers des données intéressantes ou des programmes informatiques pour fouiller les archives. Par exemple, un «marque-page» pour retrouver le tsunami de 2009 dans une masse de mesures.

L'équipe a même imaginé un jeu pour que les amateurs signalent les événements d'intérêt découverts parmi les enregistrements sonores ou vidéo. Il s’agit d’un projet semblable à Fold-It, qui propose aux néophytes d'élucider le pliage des protéines, Einstein@Home et autres SETI@Home, tous des jeux où la recherche scientifique a, au cours de la dernière décennie, sollicité la collaboration du public.

Le gouvernement fédéral et la Colombie-Britannique ont financé l'observatoire pour 120 millions$, auxquels s'ajoutent 12 millions de frais annuels.

Recensement sous-marin

Neptune est l'outil qu'ils rêvaient d’avoir. Mais l'observatoire est arrivé trop tard pour que les chercheurs l'utilisent dans le Recensement de la vie sous-marine (CoML). À défaut, il sert à poursuivre des projets nés lors de ce recensement, comme le Réseau pour des océans canadiens en santé (CHONe). Celui-ci vise à donner des repères scientifiques pour l'utilisation durable des océans.

Le CoML, un projet international de dix ans, achevé cet automne, a lui-même permis de tirer quelques leçons sur une telle utilisation durable, comme l'identification de zones sensibles pour la biodiversité. Les scientifiques canadiens qui y ont pris part les ont présentées à Ottawa les 11 et 12 janvier, aux acteurs en charge de la gestion des océans, tels que le ministère canadien des Pêches et des océans, ou celui de l’Environnement.

Le Recensement de la vie sous-marine était quelque chose de gros: 2700 chercheurs de 80 pays ont réparti leurs travaux entre les différents habitats sous-marins. En ressort une meilleure description d'écosystèmes méconnus comme ceux de l'Arctique ou des dorsales océaniques. Autre apport, la standardisation des méthodes. Des comparaisons deviennent ainsi possibles entre des populations marines de différentes régions. Deux bases de données en ligne sont nées: OBIS, qui liste les espèces et leur répartition dans les océans et le Barcode of life, qui catalogue leur ADN. Le Recensement a découvert jusqu’ici 1200 nouvelles espèces; 5000 autres attendent d'être validées comme telles.

L'observatoire Neptune sera l'un des outils pour poursuivre des projets nés de ce Recensement.

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