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À la mi-février, la nouvelle coqueluche de la robotique, un super-ordinateur nommé Watson, démontrait sa supériorité sur l’humain au jeu de connaissances Jeopardy. Paradoxalement pourtant, cette victoire a bien davantage montré les limites de la machine que celles de l’humain.

Pourquoi avoir choisi de faire jouer une machine à Jeopardy?

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Parce qu’au contraire des échecs, un jeu de connaissances générales nécessite une compréhension du langage parlé. Et là-dessus, si une machine peut désormais comprendre les mots (ce qui est l’énorme exploit derrière cette machine), bien des nuances lui échappent encore, comme les métaphores, l’humour ou l’ironie.

Pourtant, lorsque les questions sont directes et dénuées de sous-entendus, l’ordinateur ne peut pas se tromper?

Pas tout à fait, nuanceraient les philosophes. « De dire qu’un ordinateur se trompe revient à lui donner plus de mérite qu’il n’en a. Avoir raison ou tort n’est pas ce qu’il fait. Ce qu’il fait est de compter [les occurrences entre des mots] et d’associer » écrit Stanley Fish.

Il cite ensuite un philosophe d’il y a 40 ans, Hubert Dreyfus, qui avait dit à peu près la même chose des ordinateurs de son époque : ils n’ont aucun sens du contexte, parce qu’ils ne peuvent pas posséder un contexte; ils ne vivent pas dans notre monde, ils ne construisent même pas un monde à eux, comme les enfants. Pour ces ordinateurs, les mots ne sont que des données, et on ne construit pas un monde rien qu’en alignant des données à la queue leu leu.

Qu’en disent les humains qui ont joué contre Watson?

Pour l’un des champions —humains— en titre de Jeopardy!, Ken Jennings :

Jouer contre Watson s’est révélé être comme n’importe quel autre match de Jeopardy, quoique du coin de l'oeil, je pouvais voir que le joueur du milieu avait un écran plasma en guise de visage.

Faut-il craindre un coup d’État des machines?

Autant, il y a 13 ans, la victoire d’un ordinateur sur le champion mondial d’échecs avait été décrite avec dépit comme le commencement de la fin, cette fois, les commentaires ont été de loin plus mesurés. « Si Watson était une boîte noire qui crachait des réponses imprimées, il est douteux que nous nous en serions souciés. » « Il ne s’est pas montré plus intelligent que l’humain, juste plus rapide ».

Le vrai gagnant de ce tournoi : la science, qui pourra à présent se servir des recherches ayant conduit à Watson à des fins socialement plus utiles.

Combien d’énergie dépense Watson?

Environ 80 watts... contre 20 watts pour le cerveau humain!

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