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Les prix élevés de la nourriture — à un niveau record pour le troisième mois d’affilée — constituent probablement une tendance à long terme. Portrait d’émeutes à venir?

La hausse enregistrée en février par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) était la huitième hausse mensuelle d’affilée, et les prix mondiaux de produits de base comme le pain et le riz se maintiennent depuis décembre à un sommet. Une situation qui fait dire à Lester Brown, directeur du Earth Policy Institute, qu’on est entré dans une « tendance à long terme ».

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Trois phénomènes expliquent ces sommets : les événements extrêmes de 2010 (inondations au Pakistan, canicule en Russie...), qui ont ruiné de grandes parties des récoltes; la hausse des prix du pétrole; et pour finir, un réflexe —dénoncé par la FAO— de la part de certains pays, d’entreposer une partie de leurs récoltes, de crainte qu’une pénurie ne se produise. Or, si davantage de récoltes sont entreposées, il en reste moins pour l’exportation, et du coup, les prix augmentent encore plus. Dans les mots de Lester Brown :

Nous allons vivre avec des réserves d’aliments réduites, des prix plus élevés, et toute l’instabilité que cela procure —à travers la présente récolte et probablement la prochaine.

Ce faisant, il énonce dans un langage de vulgarisateur ce que la FAO avait laissé entrevoir dans son communiqué, le 3 mars :

Face à une demande croissante et à un déclin de la production mondiale de céréales en 2010, les inventaires mondiaux de céréales devraient diminuer radicalement [en 2011]. Les prix internationaux des céréales ont augmenté (...) d’au moins 70% par rapport à février de l’année dernière.

Mais pourquoi s’agirait-il d’une tendance à long terme et non d’un problème qui se résorbera de lui-même en 2012? Parce que :

- la population mondiale continue de croître - une grosse partie de cette population devient plus riche et modifie son alimentation, en se mettant à manger plus de viande, ce qui détourne une partie des récoltes au profit des animaux; - l’éthanol détourne lui aussi une partie de la production de blé au profit des voitures; - les changements climatiques continueront d’introduire des perturbations comme celles de 2010; - et 18 pays font face à des nappes d’eau souterraines qui déclinent dangereusement; moins d’eau veut dire que ces pays, par exemple l’Arabie Saoudite, produiront tôt ou tard moins de blé

Résultat, a déclaré Brown lors d’une conférence de presse le 9 mars, « nous sommes dans une situation dangereuse et nous ne réalisons pas à quel point elle est dangereuse ».

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