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Comme façon de fêter le premier anniversaire de la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique, on pouvait difficilement trouver mieux (ou pire). Un autre puits qui fuit, mais celui-là, il est du côté de l’industrie du gaz de schiste.

Éruption d’un puits, fuites, tentatives pour colmater... Pendant 36 heures, tous les ingrédients s’y sont mis pour ramener de mauvais souvenirs à la surface. Jeudi midi, les autorités du comté de Bradford, Pennsylvanie, ont finalement confirmé que la fuite avait été colmatée.

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Tout avait commencé mardi soir, 19 avril. Selon la station de télé locale WNEP, un puits de gaz de schiste a fait « éruption » près de la surface, à 23h45, causant « une fuite majeure » du fluide de fracturation dans le terrain environnant, qui s'est s’écoulé jusqu’au ruisseau le plus proche.

On appelle fluide de fracturation ces tonnes d’eau contenant 0,5% de produits chimiques indéterminés. Le tout, injecté à très grande vitesse sous la terre, sert à fracturer la roche contenant le gaz de schiste.

Selon les autorités du comté de Bradford, ce sont donc des milliers de litres de cette eau contaminée (peut-être des dizaines de milliers) qui se sont retrouvés dans l’environnement. Un chiffre qui pourrait être impressionnant, ou peut-être pas : comme personne ne sait ce que sont les substances chimiques qui sont ajoutées à l’eau, et quelle est leur concentration, il est impossible de se faire une idée précise du risque.

Le puits est situé dans le canton de LeRoy, Pennsylvanie, une région agricole relativement pauvre située à une soixantaine de kilomètres au sud des Finger Lakes (État de New York). Il est la propriété de la compagnie Chesapeake Energy. Depuis mercredi, les médias n’ont pas manqué de souligner à grands traits que le géant du pétrole et du gaz Halliburton, un des responsables du désastre du golfe du Mexique, opère aussi dans la région, où il est un des fournisseurs de Chesapeake Energy, propriétaire de 87 puits actifs en Pennsylvanie. Halliburton a également été un des pionniers de la technologie dite de fracturation.

Jeudi matin, Chesapeake annonçait la suspension temporaire de tous ses travaux de fracturation en Pennsylvanie.

En temps normal, une proportion importante de cette eau contaminée revient à la surface où elle est conservée dans des bassins en attendant d’être envoyée à l’usine d’épuration la plus proche, pour être débarrassée de ces contaminants chimiques, ainsi que de tout ce qu’elle a ramené des profondeurs.

Coïncidence, dans une affaire totalement séparée, le gouverneur de l’État de Pennsylvanie annonçait mercredi un moratoire sur l’utilisation de 15 stations d’épuration publiques, après qu’on eut révélé la présence de bromure en quantité supérieure à la normale dans la rivière Allegheny. C’est dans cette rivière que l’usine d’épuration de Pittsburgh rejette son eau, et le bromure —de l’aveu même de l'industrie du gaz de schiste— pourrait provenir de l’eau qui remonte à la surface après la fracturation.

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