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Celui qui a inventé le gaz poivre dans les années 1980 dénonce l’utilisation qui en a été faite contre les manifestants.

En entrevue cette semaine, commentant les images de manifestants des différents Occupons Wall Street aspergés de gaz poivre par les policiers, Kamran Loghman en a parlé comme de «l’usage le plus inapproprié et déplacé d’un agent chimique que j’aie jamais vu».

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Au début des années 1980, une forme de gaz poivre existait déjà, à titre de répulsif: les petites bonbonnes étaient vendues comme protection contre les attaques de chiens. Mais elles n’avaient pas la puissance nécessaire pour être considérées comme des armes par les militaires ou les policiers. Le travail de Kamran Loghman a donc consisté à accroître la concentration de capsaïcine, l’ingrédient actif qui est responsable de l’inflammation des yeux, du nez, du système respiratoire, bref, tout ce qui, en quelques secondes, rend tout résistant incapable de résister.

Le résultat final est une concentration qui est à des années-lumière du poivre ou de l’épice la plus forte qui puisse exister dans la nature (voir ce texte). Restait à partir de là à maintenir sous pression ce produit dans une bonbonne aérosol. Ces recherches, raconte Loghman à l’émission Democracy Now , ont été complétées par trois années de tests à l’Unité de recherche sur les armes à feu du FBI, en Virginie. Et c’est alors que le gaz poivre «amélioré» est devenu la norme pour les services de police aux États-Unis.

À ses yeux, cette invention était un progrès dans un contexte où, face à un individu dangereusement violent, les policiers n’avaient pour toute défense que la possibilité de lui tirer dessus. Mais jamais dans les manuels et les formations données à travers les États-Unis n’a-t-il été question d’utiliser le gaz poivre contre des manifestants pacifiques. Revenant sur l’incident de l’Université de Californie qui a fait le tour du monde par YouTube :

Je ne pense pas que quiconque interagissait avec ces [manifestants] de la bonne façon. Ils les ont juste laissés là et se sont mis à les traiter comme des insectes. Allons-y et aspergeons-les comme si on arrosait des plantes.

«C’est devenu à la mode d’asperger de gaz poivre quelqu’un qui a des opinions».

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