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Les Québécois ont eu l’impression de vivre jusqu'ici un début d’hiver... sans hiver. Mais c’est un phénomène presque continental: des Grands Lacs jusqu’à l’Atlantique d’un côté, et sur une partie de la côte du Pacifique de l’autre côté, la nature est chamboulée.

Dans le Maine et le Michigan, des lacs, en début d’année, n’étaient pas encore gelés. Au Québec, l’estuaire et le golfe Saint-Laurent étaient toujours navigables le 6 janvier, un événement inhabituel. Le Minnesota a connu une moyenne du mois de décembre de 10 degrés supérieure à la normale, et janvier s’annonce presque aussi anormal. Et à Atlanta, les abricotiers ont commencé à fleurir.

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Si le centre et le sud des États-Unis sont plus près de leurs normales —pas d'hivers là-bas— du côté des montagnes de l'ouest, on s’étonne aussi: celles de la Sierra californienne vivent avec une des plus faibles couches de neige depuis que de tels relevés sont effectués.

En tout, le 4 janvier, c’est seulement 22% du territoire des États-Unis qui était couvert de neige... contre une moyenne de 50% à pareille date.

Et pour ceux qui pensent que seuls les propriétaires de stations de ski en souffrent, les météorologues rappellent que moins il tombe de neige en hiver, moins il y aura d’eau dans les rivières et les lacs le printemps suivant. En Californie, le département des ressources hydriques évalue à un tiers la quantité d’eau utilisée par les résidences, les fermes et les industries, en provenance de la fonte des neiges des montagnes.

Impact sur l’agriculture aussi: dans de larges régions du continent, une bonne couche de neige sert normalement d’isolant contre les grands froids pour le blé d’hiver qui a été semé en automne et dort sous la surface.

La cause commune à tous ces dérèglements doit être cherchée du côté d’un double phénomène, l’Oscillation arctique (OA) et sa compagne, l’Oscillation nord-atlantique. À la base, il s’agit de larges fluctuations hebdomadaires ou mensuelles des courants océaniques et atmosphériques allant de l’Islande jusqu’aux îles Açores. Qui, du coup, affectent à longueur d'année la météo de leurs voisins, l’Europe d’un côté et l’Amérique du Nord de l’autre.

Mais les fluctuations débordent de part et d’autre de la moyenne (appelées phases «positives» ou «négatives»), et lors de quatre des six derniers hivers, elles ont débordé pas mal plus que la normale, expliquait le météorologue Jeff Masters, le 6 janvier, sur son blogue Weather Underground .

La cause de cette première moitié d’hiver plus chaude, est la configuration la plus extrême jamais enregistrée des courants-jets, tels que mesurés par l’Oscillation nord-atlantique (...) L’Oscillation arctique, en décembre 2011, était à son deuxième niveau le plus élevé [depuis 1865], derrière le mois de décembre également inhabituel de 2006. Ces conditions ont conduit la Dépression d’Islande à pousser un puissant flux d’air sud-ouest au-dessus de l’est de l’Amérique du nord, empêchant l’air arctique de plonger vers le sud, au-dessus des États-Unis et de l’Europe.

Il faut se garder de tirer des conclusions hâtives en lien avec le réchauffement climatique: «malheureusement, nous ne comprenons pas pourquoi l’Oscillation arctique varie autant d’un hiver à l’autre, ni pourquoi elle a pris d’aussi extrêmes configurations au cours de quatre des six derniers hivers.»

Il est également impossible de dire, pour l’instant, à quoi ressemblera le reste de l’hiver, quel que soit le côté de l’Atlantique où on se trouve.

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