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Les courriels haineux dans les boîtes des climatologues sont apparemment devenus chose courante, dans le monde anglophone. Mais il existe une climatologue d’origine canadienne qui a connu une avalanche d’attaques... parce qu’elle est chrétienne évangélique.

Katharine Hayhoe est une spécialiste de l’atmosphère et du climat à l’Université Texas Tech. Elle fait aussi partie de ce petit groupe de climatologues qui osent confronter les climatosceptiques dans le cadre de conférences pour le grand public. Et parce que ses croyances religieuses l’amènent, depuis quelques années, à rencontrer des groupes très à droite ou très religieux, elle est tombée sous le radar de commentateurs conservateurs influents: du coup, elle est récemment devenue le symbole des attaques les plus inquiétantes auxquelles sont soumis les climatologues.

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«Vous êtes une menteuse», «une tricheuse», «trouvez-vous un vrai emploi, McDo embauche», «le vrai problème en Amérique est que les femmes refusent de rester à la maison à s’occuper de leurs enfants» et autres «climate babe» et «Nazi bitch whore»... selon un échantillon des courriels qu’elle a fait suivre au blogue Texas Climate News .

Il faut rappeler que parmi les groupes les plus hostiles au réchauffement, figurent les conservateurs américains. Et parmi eux, les chrétiens évangéliques sont peut-être plus réfractaires encore. Katharine Hayhoe, 39 ans, qui appartient pourtant à cette église, a expliqué dans diverses entrevues qu’elle considère de sa mission d’expliquer l’urgence climatique à ses coreligionnaires —autant en raison de son savoir scientifique que de ses croyances.

Les gens me demandent si je crois dans le réchauffement planétaire. Je leur dis «Non, parce que la croyance est une foi. La foi est la preuve des choses non vues. La science est la preuve des choses vues. Pour avoir un esprit ouvert, nous devons utiliser les cerveaux que Dieu nous a donnés afin de regarder la science.»

Avec son mari —un pasteur et professeur de linguistique à l’université—, elle a publié en 2009 un livre de vulgarisation destiné aux chrétiens de droite, A Climate for Change: Global Warming Facts for Faith-Based Decisions . Des librairies chrétiennes refusent de le vendre. Elle avait écrit un chapitre du livre du candidat à la présidence Newt Gingrich, A Contract for Earth, en 2007: celui-ci a annoncé en janvier que le chapitre serait retiré de la prochaine édition.

Dans une entrevue enregistrée à l'Université du Michigan, elle associe ce qui lui arrive à «une attaque très organisée», dont des journalistes et des auteurs ont déjà fait état. Une attaque menée, dit-elle, «par des blogueurs et des gens des médias» dans le but de «harceler et menacer quiconque se lève pour dire que les changements climatiques sont réels —spécialement quelqu’un qui tente de porter ce message à des audiences qui étaient traditionnellement plus sceptiques» (voir, ci-contre, l’entrevue, faite en janvier)

Le mois dernier, le magazine Mother Jones parlait d’une semblable « frénésie de haine » contre le climatologue américain Kerry Emanuel —y compris des menaces contre sa femme— après la diffusion sur YouTube d’un reportage où il critiquait la frange la plus «anti-science» des républicains. Parallèlement, les médias australiens faisaient état l’été dernier de menaces de mort contre des climatologues de ce pays. Enfin, dans la foulée du climategate, l’Américain Michael Mann et le Britannique Phil Jones ont eux aussi été la cible de telles attaques.

Dernier épisode en lice, un groupe proche de l’industrie du charbon a lancé une campagne publique demandant à l’Université de Pennsylvanie de retirer Michael Mann de sa liste des conférenciers à un prochain forum, en raison de son «ordre du jour radical».

Ce sont les mêmes groupes qui aiment accuser les climatologues de ne pas écouter leurs opposants...

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