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Les médias ont un rôle plus limité que les scientifiques ne le croient. Pour que l’opinion publique change d’avis sur les changements climatiques, c’est plutôt aux politiciens qu’il faudrait s’attaquer.

«L’opinion publique va rester divisée sur les changements climatiques» aussi longtemps que les politiciens ne se prononceront pas clairement, concluent Robert Brulle, de l’Université Drexel à Philadelphie, et ses deux collègues, au terme d’une compilation des données de 74 sondages menés de 2002 à 2010.

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Les hauts et les bas de l’attitude des Américains à l’égard du climat ressortent de ces sondages, trimestre par trimestre, ce qui a permis à ce professeur de sociologie et de sciences de l’environnement d’essayer de pointer ce qui, dans l’actualité, a eu un effet —ou non. Par exemple, le film d’Al Gore, ou des événements météorologiques extrêmes, ou la hausse du taux de chômage...

Il ressort de cette analyse que si la couverture médiatique des changements climatiques a une petite influence, elle est loin d’égaler l’influence des politiciens.

Cela surprendra plus d’un scientifique, parce que les médias forment traditionnellement une cible facile, rappelle le blogueur américain Curtis Brainard. Encore récemment, le climatologue James Hansen joignait sa voix à ceux, déjà nombreux, qui reprochent «à la plupart des médias» leur réflexe d’accorder un temps de parole égal au pour et au contre, «comme si leurs crédibilités étaient égales». Un problème qui n’est plus ce qu’il était, signale Brainard :

Bien que le dilemme que cite Hansen soit important, le «faux équilibre» n’est plus le problème qu’il a déjà été. (...) Ce n’est pas une excuse pour du mauvais reportage et des conflits d’intérêts, mais se concentrer sur ces faiblesses pour expliquer le manque d’action sur les changements climatiques détourne l’attention de facteurs plus importants.

Et ces facteurs plus importants, ce seraient les politiciens, écrivent Robert Brulle et ses deux collègues dans l’édition du 3 février de Climatic Change. En tête du peloton, les déclarations des démocrates en faveur d’une lutte contre les changements climatiques; et les votes contre des mesures de protection de l'environnement des républicains. Suivis du chômage et du PNB.

Et ce n’est qu’ensuite qu’apparaît l’influence des médias: la couverture médiatique a eu son importance entre 2002 et 2010, mais une importance secondaire —tertiaire, même— et de plus, elle est elle aussi «largement fonction des directives des élites politiques et des facteurs économiques».

En d’autres termes : en ce qui concerne les changements climatiques, les médias suivaient la parade. Ils ne la précédaient pas.

Au milieu de ces hauts et de ces bas de l’opinion publique, le plus haut pic «d’appréhension» face à une éventuelle urgence climatique a été atteint en 2006-2007: c’est une période qui correspond à la sortie du film d’Al Gore, Une vérité qui dérange, et qui correspond aussi au dernier sommet de la couverture médiatique, d’après des études antérieures (la couverture médiatique du climat décline depuis 2007). Mais ce fut aussi une période où démocrates et républicains travaillaient conjointement à ce qui aurait pu être la première législation américaine sur le climat (elle est morte en 2010).

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