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La fierté mâle vient de reprendre du poil de la bête. Le chromosome Y, que l’on avait affublé de qualificatifs aussi peu valorisants que «déclinant» et «rachitique», s’avère finalement plus vigoureux que prévu.

Il y avait pourtant de quoi s’inquiéter: il fut un temps, il y a près de 300 millions d’années, où le Y était lui aussi... en forme de X! Comme toute paire de chromosomes qui se respecte, ceux-là échangeaient les gènes nécessaires à leurs réparations mutuelles, afin d'éviter des mutations néfastes.

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Aujourd’hui, le Y ne porte plus que 19 des 800 gènes qu’il partageait à cette lointaine époque avec le X. Si la tendance se maintient, avaient annoncé des généticiens en 2002, l’espérance de vie du Y serait désormais de moins de 5 millions d’années.

C’est ce que viennent contredire Jennifer Hughes et ses collègues, de l’Institut Whitehead de recherche biomédicale à Cambridge, Massachusetts. Le chromosome Y du singe rhésus et le nôtre, qui ont divergé il y a 25 millions d’années, divergent beaucoup moins que ce à quoi on se serait attendu, si ce déclin s’était poursuivi à un rythme continu: un seul gène perdu pendant ces 25 millions d’années, écrivent-ils dans Nature .

Autrement dit, le chromosome Y «tient le coup». Le gros de la perte (les 780 autres gènes) ne se serait pas fait progressivement, mais dans les premiers âges suivant le divorce avec le chromosome X.

Et en fait, cette bonne nouvelle n’est pas une première. Dès 2003, une autre équipe du même Institut Whitehead avait constaté, au terme d’un «tour du monde» du chromosome Y des humains, que celui-ci ne semblait plus capable de perdre d’autres gènes, parce qu’il se «recombinait» en solitaire: cela veut dire qu'au lieu d’échanger des gènes avec le X lorsque des réparations étaient nécessaires, il en échangeait avec lui-même. Un processus d’auto-réparation, en quelque sorte, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans notre bagage génétique.

Cela ne résout toutefois pas l’énigme du divorce: que s’est-il passé il y a 166 millions d’années —selon les dernières estimations— pour qu’un large morceau de ce chromosome disparaisse chez les mammifères, au point qu’il devienne impossible aux Y de continuer à échanger des gènes avec les X? La guerre des sexes, version génétique?

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