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Au Québec, on ne manque pas de reportages ces jours-ci sur le pour et le contre de la hausse des frais de scolarité. Mais qu’en est-il des étudiants de science? C’est le sujet de notre émission de cette semaine.

A priori, on pourrait penser qu’ils se sentent moins concernés : après tout, bon nombre feront un bon salaire —ou l’espèrent— comme chercheurs. Et les étudiants de science portent souvent l’étiquette du « nerd qui ne milite pas ».

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En studio avec nous, deux étudiants de science, Jean-Christophe Roy et Nadia Lafrenière, dont l’opinion diverge sur cette hausse. Cela, au moment où ils seraient plus de 125 000 en grève, avec la possibilité de dizaines de milliers de plus dans les prochains jours.

Est-ce que le fait d’être étudiant en science change quelque chose dans ce débat? Entre accès à l’éducation, endettement étudiant, financement des études et financement des universités, quels sont pour eux les enjeux les plus importants? Et quel message ont-ils envie d’envoyer à ceux qui ne sont encore qu’au secondaire —et qui entreront peut-être à l’université dans quelques années?

Avec nous également, un observateur des mouvements étudiants, André Lamoureux, du département de science politique de l’UQAM. Est-ce que l’opposition de cette année diffère des précédentes? Et comment évolue le débat sur la « rentabilité » des études universitaires?

Nos invités :

  • Jean Christophe Roy, étudiant à la maitrise en mathématiques appliquées à l’École Polytechnique de Montréal, en faveur de la hausse des droits de scolarité.
  • Nadia Lafrenière, étudiante en sciences mathématiques et élue de l’Association étudiante du secteur des sciences de l’UQAM, opposée à la hausse.
  • André Lamoureux, du département de science politique de l’UQAM, s’intéresse à l’évolution de mouvements sociaux et politiques, comme les mouvements étudiants.

Ecoutez l’émission (28 minutes) en cliquant sur l’icône à gauche, ou écoutez l’entretien au complet (33 minutes) en suivant ce lien.

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Je vote pour la science est diffusée le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal). Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et nous télécharger sur iTunes.

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Transcription de la première partie

Pascal Lapointe (PL) : Les frais de scolarité augmenteront de nouveau cet automne dans les universités. Ce qui suscite beaucoup d’émoi dans les universités où de nombreux étudiants font la grève des cours, dans les rues où ils manifestent, mais aussi dans les médias où les opinions s’affrontent... jusqu’à l’émission Tout le monde en parle ! Pourtant, les frais de scolarité augmentent tous les ans depuis quelques années ?

Isabelle Burgun (IB) : Les frais de scolarité ont été dégelés depuis 2007. Ils augmentent depuis de 100$ par année. Mais la hausse annoncée pour cet automne sera drastique : on parle de 1625 $ en cinq ans.

Un étudiant à temps plein à l'université paie actuellement 1968$ par année... contre 2168$ par année dès cet automne. Lors de la rentrée de 2017 —dans cinq ans— il lui faudra débourser 3793 $ par année pour s’instruire.

PL : Et ailleurs, à quoi ressemblent les frais de scolarité ?

IB : Si vous avez lu les journaux en fin de semaine, vous connaissez déjà ces chiffres – on parle évidemment de moyennes nationales :

  • Chez nos voisins américains, la moyenne serait de 6000 $ par année - cela varie entre 3000 $ —le Wyoming— et 12 000 $ —le Vermont.
  • La Corée du Sud : 5 300 $ / pour rappel la moyenne du Canada est similaire : 5138$.
  • Pour l’Europe, la Grande-Bretagne : 14 000 $ par année
  • Les Pays-Bas : 2500$ par année
  • France : 230 $ par année —on ne parle pas de grandes écoles. À titre d’exemple, faire HEC à Paris coûte 15 000 $ et Sciences Po 13 000 $/an.
  • Et les pays scandinaves : c’est gratuit.

PL : L’opposition à la hausse des frais de scolarité a poussé de nombreux étudiants à se mettre en grève, combien sont-ils à ne plus aller aux cours ?

IB : Le nombre total d'étudiants en grève voisine les 125 000 d’après la Fédération étudiante collégiale du Québec.

En plus, il va être de plus en plus difficile d’aller à ces cours —pour ceux qui désireraient y aller— car même les étudiants des cégeps se mettent aussi de la partie...

Des milliers d'étudiants ont manifesté à Québec, puis à Montréal. Et d’autres manifestations sont d’ores et déjà programmées, dont une grande manifestation nationale le 22 mars prochain.

PL : Évidemment, ce n’est pas la première fois que les étudiants protestent contre les frais de scolarité.

IB : Dans les 20 dernières années, il y a eu deux mouvements de grève générale :

  • En1996 déjà, le gouvernement voulait augmenter les frais de scolarité, les étudiants ont débrayé et celui-ci a reculé;
  • 2005, le gouvernement coupe 103 millions de dollars de bourses qu'il convertit en prêts, les étudiants ont recouru à la grève générale, le gouvernement a reculé.

Ce qui rend les étudiants opposés à cette hausse confiants de faire reculer le gouvernement.

PL : Et les étudiants en science, eux,comment se positionnent-ils ?

IB : À priori, on pourrait penser qu’ils se sentent moins concernés. Bon nombre feront un bon salaire —ou l’espèrent— comme chercheurs. Les étudiants de science portent souvent l’étiquette du « nerd qui ne milite pas ».

Nous avons pourtant réussi à en trouver deux, un dans chaque camp, pour nous parler de ce qu’ils pensent de cette hausse des frais de scolarité...

(pause)

Ils étaient un millier à manifester à Québec il y a deux semaines, et plus de 6000 la semaine d’avant à Montréal. Ils seraient près de 125 000 en grève aujourd’hui.

Les étudiants opposés à la hausse des frais de scolarité vont continuer de manifester leur mécontentement tout le mois de mars... tandis que d’autres étudiants, tels ceux du Mouvement des étudiants socialement responsables, favorables à la hausse, affirment leur droit à la différence. Leur droit à poursuivre les cours...

En septembre dernier, le Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études s’annonçait «inquiet» des «effets négatifs possibles» de la hausse des droits de scolarité sur l'accessibilité aux études supérieures. Il disait aussi qu’il « ne faut pas surestimer le coût des études universitaires et il ne faut pas sous-estimer les bénéfices qu'on en retire ».

Nous avons en studio, deux étudiants de science dont l’opinion diverge sur la hausse des frais de scolarité. Jean Christophe Roy, étudiant à la maîtrise en mathématiques appliquées à l’École Polytechnique de Mtl : il travaille sur l'optimisation dans le contexte de l'énergie solaire; il a un baccalauréat en génie mécanique. Il est impliqué dans la promotion des science chez les jeunes par le biais d'une équipe de robots joueurs de soccer, et il est pour la hausse.

Nadia Lafrenière, étudie en sciences mathématiques et élue de l’Association étudiante du secteur des sciences de l’UQAM. Elle est contre la hausse des droits de scolarité.

Et nous avons aussi le professeur André Lamoureux, du département de science politique de l’UQAM. Ce politologue s’intéresse à l’analyse de l’évolution de mouvements sociaux et politiques, comme les mouvements étudiants.

(écoutez la suite de l’émission ci-haut, à la 4e minute)

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