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Considérées avec le sourire il y a quelques années, les demandes pour attribuer à certains animaux des droits humains ne perdent pas de terrain. Au contraire: leurs partisans invoquent à présent la génétique. Et il faut désormais se forcer si on veut en rire.

Si vous tuez un être humain, vous allez en prison. Et s’il s’agissait d’un Néandertalien qu’une machine à voyager dans le temps aurait transporté en 2012? Eh bien à présent que la génétique nous a confirmé que le Néandertalien était un cousin pas si éloigné —un écart se mesurant en dizaines de milliers d’années, ce qui n’est pas grand-chose— on ne peut plus se contenter de voir en lui un sous-humain à peine sorti de l’animal. Le Néandertalien était un être tout ce qu’il y a d’humain, mais appartenant à une espèce différente.

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Donc, tuer un Néandertalien serait couvert par le code criminel. Et un chimpanzé? Et un dauphin? Et si nous fabriquions un jour une machine dotée de conscience? Très clairement, aucun de ces êtres ne serait protégé par la loi —ce qui est peut-être le signe qu’il est temps d’y réfléchir.

Un atelier était consacré à cette question lors du dernier congrès de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, rapporte le journaliste John Timmer. Mais la réflexion tire ses origines de décennies de recherches sur l’intelligence animale qui ont relégué aux oubliettes la vieille perception —l’instinct pour eux, l’intelligence pour nous.

Par exemple, les dauphins se reconnaissent dans le miroir, ont un langage et transmettent des connaissances à leurs petits, comme l’utilisation d’une éponge comme outil. Que demander de plus?

Reste qu’avec des droits viennent des obligations, rappelle l’anthropologue Eric Michael Johnson. On voit mal comment imposer à un chimpanzé l’obligation de se conformer à nos lois. Les éthiciens et philosophes qui sont derrière la «Déclaration des droits du cétacé» se défendent bien de vouloir attribuer aux «non-humains» les mêmes droits qu’aux humains: ils ne pourraient ni voter ni aller à l’école. Mais ils seraient protégés contre notre violence.

Et jusqu’où aller? Si on accorde de tels droits aux dauphins en raison de leur intelligence, les baleines devraient logiquement en faire partie. Mais qu’en est-il du corbeau et du perroquet, qui démontrent des capacités cognitives tout aussi remarquables? Si on choisit plutôt la génétique comme critère, les grands singes obtiendraient instantanément ces droits parce qu’ils sont nos plus proches cousins, mais les cétacés s’en trouveraient exclus. Et où se classerait un ordinateur doté d’une capacité à apprendre par lui-même?

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