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La salle du Palais des congrès de Montréal, où se tenait hier, dans le cadre de la Conférence sur l’Année internationale polaire, une table ronde sur l’exploitation des ressources énergétiques de l’Arctique, affichait complet, témoignant autant de l'intérêt et de la controverse que les enjeux entourant cette question suscitent auprès de la population, des experts et des décideurs politiques.

Cette table ronde, qui devait être une discussion sur les conditions nécessaires à mettre en place pour l’exploitation pétrolière et minière extracôtières dans l’Arctique, ressemblait finalement davantage à un dialogue de sourds qu'à un réel échange d'information.

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De fait, chacune des interventions des compagnies pétrolières, concernant la collaboration possible entre les différents acteurs du milieu, a été critiquée par le représentant du Conseil Circumpolaire inuit, Jimmy Scotts, qui rappelait que les Inuits seront ceux qui devront prendre les plus grands risques si cette exploration devait mener à un accident. «Je sais que l'industrie pétrolière a faim et veut aller creuser au large des côtes de l'Arctique maintenant, mais les connaissances ne sont pas là. Nous ne sommes pas prêts encore!», a-t-il lancé à l’endroit des représentants des compagnies pétrolières Chevron et Shell.

Cet argument –le manque de connaissances scientifiques entourant l’exploration et l’exploitation des ressources énergétiques dans l’Arctique– a été aussi été avancé par Peter Wadhams, professeur en physique des océans à l'Université Cambridge, notamment dans le cas de potentielles catastrophes. «Nous ignorons comment le pétrole interagit avec la glace et les répercussions que cela pourrait avoir sur l'environnement de l'Arctique.» Une affirmation que Robert Blaauw, conseiller principal aux questions arctiques chez Shell International, a pour sa part qualifiée de «mythe entretenu dans les médias».

En prenant en exemple le désastre du golfe du Mexique, dont le coût total écologique, financier et biologique est encore inconnu, M. Wadmans a tout de même insisté sur le fait «qu’il est primordial que le gouvernement [plutôt que laisser la place aux pétrolières] s'impose comme leader dans la recherche dans l'Arctique.»

En tenant de se faire rassurant auprès des gens de la salle, tout en souhaitant que la pression descende d'un cran, le représentant de Shell International, a affirmé que la priorité des actions des compagnies pétrolières reposait d’abord sur la prévention de tout accident qu’il s’agisse d’un déversement ou d’une fuite.

Mais avant même la prévention, «avant de penser à l'exploration au large des côtes de l'Arctique, il faut connaître le seuil de risque acceptable que les gouvernements et l'industrie sont prêts à prendre», a précisé de son côté Andreas Masvie, vice-président de DNV pour la Russie et le Kazakhstan, une société de gestion de risque pour les compagnies pétrolières et gazières.

La période de questions suite à la présentation des spécialistes a été à l’image du déroulement de la table ronde. Presque toutes les questions étaient dirigées vers les représentants des pétrolières et concernaient les risques de déversement, de marée noire et autres désastres écologiques. Après quelques minutes, le mot est tombé : moratoire. Un élément sur lequel s’entendaient à la fois les compagnies pétrolières et le représentant de la communauté inuite. Et comme le moratoire sur l'exploitation gazière et pétrolière dans l'Arctique est un enjeu politique, seul le gouvernement fédéral pourra montrer sa volonté à protéger un des écosystèmes les plus fragiles de la planète.

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