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La religion, une affaire d'intuition? Selon deux psychologues, le simple fait d’encourager les gens à réfléchir réduirait la tendance à croire.

«Quatre expériences distinctes ont fourni des preuves d’une relation de cause à effet», écrivent Will M. Gervais et Ara Norenzayan, de l’Université de Colombie-Britannique, dans l’édition du 27 avril de Science . Ladite relation de cause à effet est, une fois décodée, quelque peu ténue, mais elle s’inscrit dans une longue série de recherches menées ces dernières années, qui tentent de départager deux types de pensées —littéralement, celle qu’on fait sans réfléchir et l’autre, plus raisonnée.

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En gros, ils ont obligé subtilement des groupes de croyants à penser «raison». Par exemple, en leur montrant une image du Penseur de Rodin, puis une image, jugée plus neutre, du Discobole de Myron. Ceux qui ont vu le Penseur ont par la suite noté des «croyances religieuses plus faibles».

Craignant que les «cobayes» aient pu flairer le piège, ils ont créé une tâche plus compliquée pour un deuxième groupe. Cinq mots dans le désordre, desquels il fallait en extraire un pour créer une phrase qui avait du sens. Ceux qui avaient hérité des phrases où se trouvaient les mots «analyse» et «raison» étaient ensuite ceux qui donnaient une plus basse note à leur croyance en Dieu ou à la religion.

Mais c’est la quatrième et dernière expérience qui s’est révélée la plus tordue: les deux psychologues ont demandé à leurs participants de répondre à un questionnaire mesurant leurs croyances religieuses, questionnaire qui était imprimé avec une police de caractères tantôt foncée, tantôt pâle. Ceux qui avaient la version pâle étaient donc obligés de lire avec davantage d’attention... et ils se sont attribués des croyances moins profondes que les autres!

L’idée ne sortait pas de nulle part. D’autres recherches ont effectivement déjà démontré que des textes mal imprimés donnent un coup de fouet à la pensée analytique: ils obligent les participants à réfléchir plus attentivement à ce qu’ils sont en train de lire.

Par ailleurs, Gervais et Norenzayan citent des collègues qui, en 2011, ont conclu que les gens qui ont davantage tendance à se fier à leur intuition sont également davantage susceptibles de croire en Dieu. Inversement, se sont-ils demandé, est-ce que plus on prend le temps de réfléchir —donc, plus on laisse l’intuition de côté— et moins on a tendance à croire en Dieu?

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