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Les médias sociaux ont fait parler passablement d’eux au récent congrès de l’ACFAS. Des chercheurs ont discuté d’enjeux éthiques et de perspectives d’utilisation de ces nouveaux outils, et ils l’ont fait… en personne, comme au bon vieux temps!

Adolfo Agundez Rodriguez est chercheur en éducation, affilié à la Fondation Trudeau. De son propre aveu, il a offert à ses auditeurs plus de questions que de réponses. «Les médias sociaux restent relativement jeunes, mais prennent déjà beaucoup de place, dit-il. Mon but n’est pas de les juger, mais de susciter certaines réflexions éthiques.»

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Le candidat au doctorat à l’Université de Sherbrooke s’inquiète de l’accès inégal aux technologies et, conséquemment, aux médias sociaux. «D’une certaine façon, les pauvres sont encore plus pauvres, note-t-il. Non seulement leur accès aux biens matériels est-il limité, mais les voilà exclus d’une nouvelle forme de culture et de communication.»

Parlant de culture, le chercheur s’interroge sur la qualité de celle consommée sur les médias sociaux. Il souligne l’apparition d’une «culture déchet», incarnée notamment par les médias «jaunes», dédiés aux rumeurs, aux scandales et aux photos de célébrités. Cela soulève en fait la question de la valeur expérientielle vécue par les consommateurs de ces médias. L’hyperconsommation culturelle et communicationnelle laisse-t-elle un espace à des expériences véritablement marquantes?

Au secours de la consommation responsable

En marge des questionnements éthiques, les chercheurs rivalisent d’imagination lorsque vient le temps de trouver de nouvelles utilités aux médias sociaux. Harold Boeck, chercheur à l’ESG-UQÀM et à l’Observatoire de la consommation responsable, croit que le potentiel des médias sociaux en termes de communication sur les produits et services «responsables» est sous-utilisé.

Les citoyens sont confus et méfiants face aux messages des entreprises présentant leurs produits comme responsables. L’orgie de certifications écologiques et les compagnies qui exagèrent ou inventent le côté éthique et écologique de leur produit (greenwashing) nourrissent cette méfiance. Ainsi, malgré la surenchère de messages sur les produits responsables, un répondant sur deux déplorait manquer d’information à leur sujet, dans un récent sondage de l’Observatoire.

«À peine 15% de ces personnes cherchent ce type d’information via les médias sociaux, souligne Harold Boeck. Mais l’impact des messages transitant sur ces médias est beaucoup plus fort, et influence réellement les consommateurs.»

De la consommation au comportement responsable

L’équipe de Louise Sauvée, chercheuse en éducation à la Téluq, a concocté un jeu en ligne pour développer chez les jeunes des comportements responsables à l’égard de la conservation de l’eau potable. Dans le jeu Eau Secours, deux joueurs s’affrontent dans un jeu-questionnaire sur l’eau. Objectif: gagner assez de points pour apporter des améliorations à un point d’eau qui, au départ, est assez mal en point!

Les chercheurs voulaient savoir si le jeu pouvait sensibiliser les jeunes à la question de la préservation des ressources aquifères. Mais, au-delà de cela, ils souhaitaient que le jeu soit à la source d’une campagne de marketing viral. Il comporte donc des outils permettant de contacter rapidement ses amis via les médias sociaux. Une initiative couronnée de succès, alors que les joueurs, des jeunes de 4e et 5e secondaire, ont largement succombé à la tentation de défier leurs amis à ce jeu.

Comme quoi les médias sociaux nous réservent encore bien des surprises.

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