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Après avoir contaminé la littérature, les bandes dessinées, les séries télé et l’art visuel, les zombies ont désormais envahi les universités! En effet, la figure du zombie fait de plus en plus l’objet d’études sérieuses dans les institutions d’enseignement, comme c’est le cas entre autres à l’Université de Montréal.

«Le zombie est une créature sérieuse et intelligente qui peut nous en dire beaucoup sur nous-mêmes!» affirme avec conviction Jérôme-Olivier Allard, coresponsable du colloque sur les zombies présenté lors du 80e Congrès de l’Acfas, à Montréal.

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Selon l'étudiant au DESS en art, création et technologie, le zombie peut nous indiquer plusieurs choses sur l’état de la société contemporaine. «Depuis 2001, il y a eu une explosion dans la quantité de productions [cinématographiques mettant en scène des zombies]». Il défendra d’ailleurs dans son mémoire de maîtrise l’importance des événements du 11 septembre dans la modulation de notre imaginaire. «Le zombie est devenu une figure de proue de toute crainte de contamination ou de menace terroriste», indique-t-il.

La nouvelle figure du zombie contemporain

L’image typique du zombie correspond plutôt à celle d’une créature monstrueuse, mort vivante, se nourrissant de chair humaine. Mais les choses ont bien changé depuis la sortie du film La nuit des morts-vivants, de George A. Romero, en 1968. Le film canadien Fido (2006) en est un exemple: un jeune garçon, Timmy Robinson, finit par se lier d’amitié avec un zombie dont les impulsions sont réprimées à l’aide d’un collier, similaire à un collier à chien antiaboiement. «Dans le film, le zombie devient un animal de compagnie, il fait partie de la famille. On le réhumanise», explique le chercheur.

Bavarder avec un zombie

Une autre caractéristique des zombies est qu’ils sont dépourvus de langage. «Normalement, un zombie, ça ne parle pas», soutient Mélissa Boudreau, détentrice d’une maîtrise en études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. La série de livres Zombie Story de David Wellington est venue quelque peu modifier la figure horrifique du zombie en lui donnant une voix. «Le narrateur est souvent la victime et plus rarement, le zombie. Le changement de procédé narratif vient modifier l’image du zombie. On partage leurs sentiments et leurs pensées, et l’on constate qu’ils ne sont pas tous des monstres», explique-t-elle. Si les zombies peuvent parler dans les livres de David Wellington, c’est parce que l’on stipule que si le cerveau est alimenté en oxygène durant la mort, ces derniers conserveront cette faculté.

Du dégout à la fascination

D’après Simon Harel, directeur du département de littérature comparée à l’Université de Montréal, le sujet des zombies suscite beaucoup d’interrogations. «Ça devient une problématique qui rejoint des inquiétudes sur la mortalité, sur l’étranger, sur les modifications biologiques et les transformations du corps, la chirurgie esthétique en passant par les dons d’organes», indique le coresponsable du colloque. «C’est à la fois quelque chose qui prête un peu au rire et à la surprise. C’est d’ailleurs un des colloques qui a eu la plus belle couverture médiatique de l’ACFAS», dit-il fièrement.

La «zombimania» se poursuivra cet été avec la venue d’un colloque international sur les zombies qui aura lieu du 2 au 4 juillet à Montréal. De plus, une vingtaine de films mettant en scène des zombies sont attendus en 2012.

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